Le TGI de Lille a ordonné l'évacuation de 30 familles, pour certaines installées depuis 2 ans près de Villeneuve-d'Ascq.
Les deux campements de Roms établis à Hellemmes, entre Lille et Villeneuve-d’Ascq, sont évacués aujourd’hui, sans qu’aucune solution n’ait été trouvée pour reloger ses habitants. Un premier camp, basé sur un terrain appartenant à l'Etat et à la communauté urbaine de Lille, a été évacué ce matin. Un convoi constitué de voitures et de camionnettes tractant des caravanes, escorté par des motards de la police, s'est mis en route peu après 8h30. Le second camp, à quelques centaines de mètres, sera démantelé cet après-midi. Ces évacuations ont été mise en œuvre « suite à une ordonnance d'expulsion que nous a délivrée le tribunal de grande instance », a indiqué la préfecture du Nord.
Le reportage de Didier Pithon et Frédérik Giltay
La communauté urbaine de Lille (LMCU) a mis en avant les problèmes de sécurité et l'afflux de ces populations dans l'agglomération. LMCU (présidée par Martine Aubry) et l'Etat avaient engagé une procédure devant la justice pour que soient démantelés ces campements illicites.
Ils répondaient à la pression de riverains. Certains habitants du quartier de la rue Verte à Villeneuve-d’Ascq s’étaient regroupés en collectif et demandaient l’expulsion des Roms, installés sur le terrain en friche en face de chez eux, depuis deux ans.
Parallèlement, la mairie de Lille travaillait en étroite collaboration avec le milieu associatif pour sauvegarder les intérêts vitaux de la population rom locale. Mais aujourd’hui, l’évacuation intervient alors qu’aucune solution n’a été trouvée. Les caravanes ont été confisquées et ce sont 200 personnes qui se retrouvent peu ou prou dans la rue.
COLERE DU MILIEU ASSOCIATIF
« On est consternés », a déclaré à l'AFP Yann Lafolie, président de l'Atelier solidaire, membre du collectif Solidarité Roms, présent sur les lieux et « en colère ». « Ici, c'était un laboratoire pour trouver des solutions », a-t-il fait valoir, voyant dans cette évacuation le « signe d'une volonté du pouvoir de détruire le travail associatif des bénévoles ». « Il y a de très nombreux enfants qui vont dormir dans la rue ce soir », a-t-il souligné. « Sarkozy ne nous a jamais expulsés, finalement, c'est le PS », a conclu Yann Lafolie.
Mercredi, le père Arthur Hervet - 73 ans, défenseur des Roms et connu pour s’être opposé à Nicolas Sarkozy en 2010 - annonçait qu’il avait décidé de baptiser, jeudi après-midi, une dizaine d'enfants Roms pour dénoncer cette expulsion annoncée. « Atterré par la décision des pouvoirs publics d'expulser sans solution trente familles Roms habitant sur le parking de l'école d'architecture sur la commune d'Hellemmes (agglomération lilloise, ndlr), [j'ai] décidé de baptiser publiquement une dizaine d'enfants sur la demande des parents », avait déclaré le père Arthur. Aujourd’hui, il envisage d’installer des tentes dans un espace public pour recueillir certaines familles.
Des associations, parmi lesquelles le collectif Solidarité Roms, avaient dénoncé le 1er août la menace d'une expulsion sans solution alternative qui pesait sur deux campements rassemblant quelque 200 Roms près de Lille. Elles avaient rappelé que François Hollande, lors de la campagne présidentielle, s'était prononcé dans une lettre aux associations pour que « lorsqu'un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées ».
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