Les questions autour de l'implication éventuelle de policiers dans le réseau de proxénétisme se multiplient.
A l’Hôtel de police de Lille, l’atmosphère est pesante. On ne parle que de « l’affaire » même si finalement, de nombreux policiers reconnaissent avoir peu d’informations sur ce qui se passe. Les journées sont rythmées par les rumeurs, les infos lues dans la presse, les supputations…
Et la proximité de dates avec l'affaire "Neyret" à Lyon, embarasse forcément.
L’IGPN, « la police des polices » est à Lille depuis le début de semaine. Des hauts cadres de la police lilloise auraient déjà été entendus.
Mais les policiers s’attendent à ce que l’étau se resserre dans les heures qui viennent. Un commissaire divisionnaire, dont le nom apparaît dans le dossier, aurait parlé en réunion, de sa prochaine mise en examen. La rumeur de sa mutation rapide est déjà dans les couloirs.
Sera-t-il entendu dans les prochaines heures ? A-t-il couvert des faits de proxénétisme ? A-t-il été jusqu’à y participer ?
Les auditions des autres protagonistes de l’affaire vont sans doute obliger les juges à faire entendre ce policier de haut rang. David Roquet, entrepreneur lillois, mis en examen hier, aurait par exemple, déclaré avoir organisé avec ce commissaire divisionnaire une « soirée » à Paris pour le compte d’un homme politique. Une prostituée aurait confirmé la présence de ce commissaire lors de la soirée.
Ce commissaire divisionnaire est donc désormais une cible claire pour d’autres mis en cause dans ce dossier. "Des policiers apparaissent à la lecture de cette procédure. Ils sont nombreux. Ils ont parfois de hautes responsabilités dans la région", a souligné hier Frank Berton, l’avocat qui défend le directeur de l’hôtel Carlton. Il a souhaité que "toutes les responsabilités soient déterminées, même s'il doit s'agir de hauts fonctionnaires de police qui d'une façon ou d'une autre ont collaboré à la subsistance, à la réalisation, à l'organisation de réseaux de proxénétisme".
Par ailleurs, au moins cinq policiers lillois seraient concernés par ce dossier. L’Agence France Presse (AFP) citait hier une source policière qui nuançait cette affirmation : "Rien ne permet de dire, à ce stade de l'enquête, que ces policiers ont fait quelque chose de judiciairement répréhensible".
Dossier dépaysé ?
Dans les heures qui viennent, une autre question, plus technique –mais capitale- va devoir trouver une réponse. Les policiers lillois mis en cause peuvent-ils être entendus à Lille. Ou l’enquête doit-elle être dépaysée, à Paris par exemple ?
Me Frank Berton, avocat a évoqué vendredi des "pressions" dans cette affaire, afin de faire dépayser le dossier, en raison de l'éventuelle implication de fonctionnaires de police. Me Berton a fait part de son "sentiment" qu'il y aurait "une tentation de dessaisir" les juges d'instruction lillois et la PJ de Lille. "Il est évident qu'il s'agit d'une pression qui est organisée par ceux qui, à mon avis, dans les jours à venir, auraient (...) à s'expliquer sur leurs liens dans ce dossier".
Pour l’instant, les deux juges d’instruction lillois continuent leur travail.
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