Henri Loyrette, le président-directeur du Louvre livre ses espoirs et sa vision du nouveau musée.
Le président-directeur du Louvre, Henri Loyrette, estime que "tout a été fait pour rendre le Louvre-Lens accessible à un large public" mais il reconnaît que l'un des enjeux pour le nouveau musée sera son appropriation par la population de la région.
"Il y aurait pour moi deux échecs. Le premier serait que la population du Nord/Pas-de-Calais ne s'approprie pas le musée. Le second que les fidèles du Louvre n'aient pas l'envie de venir", déclare M. Loyrette. "L'objectif fondamental est de toucher un visitorat de proximité", venu du bassin minier, rappelle M. Loyrette, qui porte le projet du Louvre-Lens depuis le départ avec beaucoup de conviction. "Nous pouvons escompter beaucoup de visiteurs qui se sont jamais allés dans un musée", souligne-t-il. "Mais nous reconnaissons que ce n'est pas facile", ajoute-t-il. "Nous le savons depuis le début, depuis le choix de la ville de Lens en 2004 pour installer ce musée. Accoler les deux mots Louvre et Lens était presque inconcevable à l'époque. Une grande institution parisienne et une ville ravagée par les guerres et la crise industrielle, cela sonnait alors comme une déflagration"."Depuis, les regards ont changé", estime M. Loyrette, à la tête du Louvre depuis avril 2001.
Un musée très pédagogique
Tout est fait pour "prendre la population par la main" et l'aider à franchir le pas, selon lui. "Le bâtiment est très accessible, de plain-pied. L'architecture remarquable de l'agence Sanaa n'est pas impressionnante". Le Louvre-Lens est organisé de façon "claire et simple". Transparent, le musée montre "les coulisses du musée, les réserves visibles et visitables". "La Galerie du temps (Grande Galerie) comporte une vocation éducative, en insistant sur la chronologie des oeuvres. Tout cela est serein, fluide et doux".
Ni une annexe, ni un « mini Louvre »
"Le Louvre-Lens s'adresse au plus grand nombre. Il est posé au niveau international", au coeur de l'Europe et à une heure de TGV de Paris."Ce n'est pas une succursale de région", relève-t-il. Pour le Louvre, qui va battre un nouveau record de fréquentation en 2012 avec "plus de 9 millions de visiteurs", l'ouverture du musée à Lens représente à la fois "un retour et un renouvellement", considère M. Loyrette. Un "retour sur la grande vision datant de la Révolution française d'être un musée au service de la Nation toute entière et pas seulement un établissement parisien". Un "renouvellement" également, pour M. Loyrette, qui aime à dire que "l'avenir du Louvre passe par Lens".
"Cela permet de tester, de réaliser, d'inventer des expériences impossibles dans l'enveloppe contrainte du palais parisien".Le Louvre-Lens est une structure qui cumule "agilité et simplicité". "J'espère qu'elle aura un retour sur le palais parisien". La nature du nouveau musée par rapport au Louvre est difficile à définir d'un mot, concède Henri Loyrette.
Pour lui, il ne s'agit pas d'une "antenne", ni d’une « annexe », ni d’un « mini Louvre ». Ni d'un "enfant" car cela pourrait paraître "paternaliste". "Nous sommes ailleurs et nous sommes chez nous", constate-t-il. "Ce musée a des liens consubstantiels avec le Louvre mais il a aussi une magnifique autonomie. Il permet un contact stimulant avec la région Nord-Pas-de-Calais, qui siège avec nous au conseil d'administration du Louvre-Lens". "La programmation sera pensée de façon globale pour éviter les redondances". "Les musées sont complémentaires. Il faut trouver la juste distance entre les deux institutions, un équilibre", selon M. Loyrette.
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