3 aide-soignants se sont suicidés ces 15 derniers jours dans cet hôpital du CHR de Lille.
Ce vendredi, un CHSCT (Comité d'Hygiène, de Sécurité, et des Conditions de Travail) extraordinaire a été convoqué au CHR de Lille. A l'ordre du jour : les 3 suicides en une quinzaine de jours qui ont touché le secteur neurochirurgie de l'hôpital Salengro. Trois suicides d'aide-soignants (un homme et deux femmes). Le dernier ce mardi, une femme de 27 ans. Aucun ne s'est déroulé sur le lieu de travail.
Une série noire qui fait beaucoup parler et a créé de l'émoi dans l'hôpital. Mais le sujet est forcément délicat. Comment interpréter ces suicides ? Sont-ils liés au travail ?
Difficile de le savoir. Une syndicaliste contactée refuse d'en parler pour l'instant. Le directeur des ressources humaines du CHR (12 000 salariés), Stéphane Jacob, lui, reste très prudent : "On essaie de comprendre ce qui s'est passé. Cela nous préoccupe évidemment. Les équipes sont très affectées. Nous avons organisé une prise en charge avec la médecine du travail. On essaie d'accompagner au mieux le personnel."
Selon nos informations, les deux premiers suicides seraient liés à de graves problèmes privés. Et n'auraient pas de lien direct avec le travail. Pour le 3eme, le plus récent, l'enquête est en cours. L'aide-soignante aurait eu un entretien avec un cadre qui se serait mal passé, la veille de son suicide. Le cadre en question serait actuellement en arrêt-maladie.
Pour Jamila Meftaoui , secrétaire général FO Santé du CHR de Lille, il est impossible de dire que ces 3 suicides n'ont aucun lien avec le travail : "Pour la direction, c'est un sujet tabou. Ils disent immédiatement qu'il n'y aucun lien avec le travail. C'est peut-être vrai. Mais l'ambiance et les conditions de travail au CHR ne permettent pas toujours aux soignants de s'épanouir. La direction ne pose pas les bonnes questions. Moi, j''aimerais que ça se sache. Qu'on se pose des questions sur la manière de fonctionner. Qu'on prenne des mesures de prévention."
Un autre syndicaliste confirme : "On avait déjà alerté la direction. Il y avait eu un autre suicide au printemps dans un hôpital voisin. Notre but c'est pas de trouver un coupable mais il y a une grosse pression sur les agents actuellement. La façon de manager, de parler aux gens est à revoir. Le CHR se glorifie de faire des économies mais c'est le personnel qui trinque..."
Une cellule d'aide psychologique aurait été proposée aux salariés du service où a eu lieu le dernier suicide. D'après un syndicaliste, le personnel l'aurait refusé au motif que la médecine du travail réagit un peu tard...