L'architecture très sobre du musée cache une belle surprise : la Galerie du Temps, une "révolution muséographique".
Structure sobre et transparente posée sur une ancienne mine de charbon, le musée du Louvre-Lens a été pensé par ses architectes nippons pour se fondre dans le paysage et l'histoire du bassin minier. Presque invisibles depuis la rue, les cinq bâtiments principaux du musée – cubes ou parallélépipèdes de verre et d'aluminium - s'étirent au coeur d'un parc de 20 hectares, aménagé sur un ancien terril plat. Le site, "complètement modelé par l'histoire" de l'ancienne mine 9/9 bis de Lens,a servi de fil directeur au travail du cabinet japonais Sanaa, explique l'architecte Louis-Antoine Grégo, qui supervise le chantier depuis six ans.
Une volonté de simplicité
Conçu dans une "posture d'humilité", le projet de Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, parfois surnommés les « starchitectes » avait été choisi en 2005 après un vote très serré du conseil régional du Nord/Pas-de-Calais, départagé par la voix du président de région Daniel Percheron- "grâce au soutien d'Henri Loyrette, le directeur du Louvre", selon M. Grégo. "Il s'agissait de parier sur un projet qui n'était pas ce à quoi les politiques,(..) s'attendaient", explique l'architecte. Certains espéraient un bâtiment plus spectaculaire.
Incarnant une architecture "neutre, simple", le musée est composé de plusieurs bâtiments, reliés par une ligne continue. Légèrement courbes, murs et toitures suivent les lignes naturelles du terrain de 34 000 mètres carrés. "On n'enlève pas ce qu'il y avait avant, on superpose les couches : industrielle, naturelle, culturelle. Tous les choix architecturaux, techniques, viennent de là ", précise M. Grégo. Les anciennes voies de chemins de fer qui reliaient les puits de mine ont ainsi été transformées en chemins d'accès. Le hall d'accueil, immense cube de verre, laisse entrevoir des sites emblématiques de la région : terrils de Loos-en-Gohelle, les plus grands d'Europe, et, de l'autre côté, le fameux stade Bollaert.
La Galerie du Temps
Centre névralgique du musée, la Galerie du Temps, tout en aluminium, offre un immense espace d'exposition de 3000 mètres carrés, d'un seul tenant. Sur 125m de long et 25 de large, les oeuvres y sont présentées de manière chronologique, une démarche "novatrice", selon M. Grégo. Une muséographie "très libre, sans cheminement imposé" permettra au visiteur d'admirer les 205 oeuvres depuis de multiples points de vue. C’est Henri Loyette, le président-directeur du Louvre, qui a eu l’idée de cette présentation très originale. Au mur, court une frise et les pièces se répondent les unes aux autres, tout en étant placées par époque de création. « Il était important de montrer les œuvres dans toute leur amplitude chronologique et géographique, de montrer véritablement ce qu’est le Louvre, ce que seul peut faire le Louvre », explique Henri Loyette. Et de fait, parmi les plus belles oeuvres du musée parisien seront exposées là, pendant un an. La galerie entourée de mystère, puisque les premières photos ne seront dévoilées qu’au dernier moment, afin de conserver la surprise pour les premiers visiteurs.
Deux autres pavillons, dont l'un entièrement vitré, accueilleront des expositions temporaires sur près de 3000 mètres carrés au total. Pour l'ouverture, il s'agit de l'expo Renaissance.
Autre innovation, les réserves et les salles de restauration des oeuvres seront visibles, grâce à des baies vitrées au sous-sol du hall d'accueil. Des visites organisées y seront même organisées.
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