18 mois de prison avec sursis ont été requises par le parquet de Boulogne-sur-Mer à l'encontre des époux Lavier.
Des peines de 18 mois de prison avec sursis ont été requises jeudi par le parquet de Boulogne-sur-Mer à l'encontre des époux Lavier, qui ont nié les accusations de violences et de corruption à l'égard de leurs enfants, mais ont reconnu des "gestes déplacés".
"La corruption de mineurs, c'est d'exposer au regard des enfants des scènes manifestement obscènes sans chercher à les protéger, on est ici manifestement dans ce cas", a martelé le procureur Nathalie Bany.
"Quel genre d'images familiales a-t-on renvoyé à ces enfants avec ces scènes obscènes et répétées ? On nous dit qu'il s'agit juste de délires, de fêtes, mais mimer des actes sexuels, passant de la fellation à la sodomie, en quoi peut-on dire que c'est une fête ?", a demandé la magistrate.
Sandrine et Frank Lavier, âgés de 34 et 33 ans et qui comparaissaient avec quatre de leurs proches, sont prévenus de "corruption de mineurs" et de "violences habituelles sur mineurs", chefs pour lesquels ils encourent jusqu'à sept ans de prison et 100.000 euros d'amende.
Mme Bany a demandé huit mois de prison avec sursis à l'encontre de trois de ces proches, et une dispense de peine pour le quatrième.
Des vidéos saisies chez les Lavier mettant en scène des adultes plus ou moins dénudés, lors de soirées arrosées, mimant des actes sexuels à proximité des enfants, ont été montrées à l'audience.
"On y voit des adultes lors de scènes de fêtes, qui rigolent, qui boivent, avec certes, certains d'entre eux en slip, mais les enfants ne sont pas spectateurs de ces scènes qui ne sont pas ouvertement sexuelles. Tout au plus devine-t-on qu'ils peuvent être à proximité. Si cela c'est de la corruption de mineurs, on marche sur la tête", s'est insurgé Me Frank Berton, l'avocat de Frank Lavier.
"Je regrette d'avoir fait ces gestes déplacés lors de soirées", a déclaré Sandrine Lavier. "On ne calcule pas toujours le fait qu'il y ait des gosses à côté de nous. Avec le recul, c'est sûr que je regrette que cela se soit passé en présence des enfants", a-t-elle poursuivi.
Son mari Frank a renchéri, reconnaissant qu'on "n'aurait pas dû avoir un comportement ou des dialogues aussi crûs en présence des enfants. (..) On n'a pas cherché à prendre les enfants pour (les faire) participer mais on aurait dû les mettre ailleurs", a-t-il admis.
La présidente du tribunal a également cité les témoignages de deux des cinq enfants du couple, qui avaient fugué en février 2011 et ont raconté des "punitions à genoux pendant plusieurs jours" sur le sol ou bien sur "des manches de balais ou des barres de fer".
Ils ont déclaré avoir reçu des "coups de poings et des coups de pieds ou de ceinture" ou "avec une latte de sommier". Les époux Lavier ont nié, reconnaissant toutefois qu'ils ont pu être "dépassés".
"Les bêtises étaient de plus en plus nombreuses, il y a eu une escalade des punitions, mais cela n'a jamais été excessif", a rapporté Frank Lavier, affirmant n'avoir jamais porté des coups.
"C'est vrai que les enfants ont été punis de plus en plus souvent, mais cela consistait à écrire des lignes ou bien à rester à genoux les mains sur la tête, mais jamais plus d'une heure et jamais sur un manche à balai", a affirmé Sandrine Lavier.
"On n'a pas affaire à des parents maltraitants mais à des parents qui sont débordés" par leurs enfants et le "mal-être dont ils souffrent", a affirmé Me Philippe Lescène, l'avocat de Sandrine Lavier.