Avec Stéphane Lannoy, arbitre originaire du boulonnais, cinq nordistes seront donc présents à l'Euro 2012.
Stéphane Lannoy, arbitre calme et expérimenté, déjà présent au Mondial-2010, sera le représentant à l'Euro d'un arbitrage français qui vit des heures difficiles et qui aurait bien besoin d'un sans-faute de son N.1 en Pologne et en Ukraine.
Meilleur arbitre français
Les hommes en noir aussi se fixent des objectifs sportifs et celui de M. Lannoy, récemment désigné meilleur arbitre français pour la troisième fois après 2008 et 2010, est clair : franchir le premier tour, ce qu'il n'avait pas pu faire lors du Mondial sud-africain. "Il nous manque de figurer un peu plus loin dans les grandes compétitions, c'est vrai. Mais cela demande du temps, de l'expérience, de la maturité", a-t-il expliqué à l'AFP. "A l'Euro-2008, on a dit "il n'y a pas d'arbitre français, il n'y a que Lannoy
pour faire le 4e". "Mais c'était de l'expérience engrangée. Ensuite j'ai fait les Jeux de Pékin avant le Mondial. A chaque fois cela amène un peu d'assurance", a-t-il ajouté.
A 42 ans, le natif de Boulogne-sur-Mer a en effet engrangé une solide expérience internationale, récompensée par une présence dans la catégorie Elite de l'UEFA (il est le seul Français à y figurer).
Et pour Bertrand Layec, numéro 2 de la direction nationale de l'arbitrage, il est tout simplement "l'arbitre français le plus expérimenté de ces vingt dernières années". Insuffisant néanmoins pour faire l'unanimité, des observateurs de l'arbitrage ayant requis l'anonymat le qualifiant de "N.1 par défaut" ou de "bon arbitre, sans plus".
Un arbitre au passé de joueur
Ses premiers coups de sifflets, Stéphane Lannoy les a donnés alors qu'il était encore en parallèle joueur au niveau amateur. "Je me suis pris au jeu mais à un moment il n'était plus possible de faire les deux. Mon choix a été guidé uniquement par le plaisir. Je prenais plus de plaisir à arbitrer", explique-t-il.
Quant à son passé de joueur, "pas indispensable" selon lui pour percer dans l'arbitrage, il reste tout de même "un plus dans l'anticipation, le ressenti des situations de jeu. J'ai la chance d'avoir un employeur qui a accepté de me mettre en disponibilité jusqu'à la fin de ma carrière, mais je me bats pour la professionnalisation" - il se définit lui même comme un sifflet "psychologue quand il le faut, intransigeant quand il le faut et naturellement calme".
"C'est une qualité pour désamorcer certaines situations, mais ça peut être aussi parfois un défaut chez moi. Il y a des circonstances qui demandent de rehausser un peu le volume", ajoute-t-il.
Le rebond de l'arbitrage français
A l'Euro, ses prestations seront observées avec attention, alors que le président de la FFF Noël Le Graët vient d'ouvrir le dossier de l'arbitrage, après avoir reçu un rapport très critique de la Haute Autorité.
L'instance suggère notamment de "changer d'approche dans la formation" ou de "poursuivre un gros travail sur la personnalité des arbitres" tout en invitant à "évaluer objectivement la situation : mauvais bilan sur les cinq dernières années, statistiques mitigées cette saison et perspectives aléatoires pour le futur".
Dans ces conditions, Stéphane Lannoy sait qu'il ne pourra pas se permettre le même type d'erreur que lors du Mondial sud-africain, quand il avait accordé au Brésilien Luis Fabiano un but entaché d'une main.
"C'est quelque chose que l'on vit mal, très mal. On dort ensuite très mal. Une erreur comme celle-là vous suit comme un chewing-gum collé à la semelle. Il faut rebondir et ne pas s'autoflageller."
Le rebond de l'arbitrage français, qui ne sera pas représenté aux JO, est attendu à l'Euro. "Ce n'est pas le tout de participer, il faut avancer", confirme Bruno Derrien, ancien arbitre international.
"On a besoin de leaders. Il y a un manque de personnalité et de rayonnement dans l'arbitrage français", ajoute-t-il. Stéphane Lannoy sait quelle est sa responsabilité.
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