Lors d'une perquisition, la police de Marseille a découvert une lettre écrite par un poilu mort sur le front de la Somme en 1915. Partagée sur Twitter, la missive a attisé la curiosité des internautes. À tel point que les recherches de généalogistes ont permis de retrouver ses descendants.
27 mai 1915. Jean Soulagnes a 24 ans. Sergent-fourrier au 73e régiment d'infanterie, il est engagé sur le front de la Somme. Sans aucune certitude quant à ce qui l'attend, il décide d'écrire une lettre à son ami, un certain Jean Audiffen. Par cette missive, il souhaite envoyer un "adieu suprême" à sa famille et sa fiancée. C'est donc un service qu'il demande à son ami, qui sera chargé de transmettre le message.La lettre est tristement prémonitoire. Deux semaines plus tard, le sous-officier au matricule 3336 sera tué. Cette histoire, nous la connaissons grâce à une découverte inattendue faite par les policiers de Marseille lors d'une perquisition après un cambriolage.Je connais votre cœur et je n’hésite pas à lui faire un appel suprême : vous ne refuserez pas le pénible service, en cas d’événement grave, d’avertir ma famille et ma fiancée qu’avant de mourir, après avoir donné ma vie au pays, mon âme ne pense qu’à eux et leur envoie mon adieu suprême
Un "Cluedo" avec les internautes
Désireux de retrouver la famille du soldat pour lui remettre le courrier, le major Arnaud Louis, chargé de communication à la Direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône, décide de publier un appel sur les comptes Twitter et Facebook de la police de Marseille.
Dernière lettre d'un poilu Mort pour la France en 1915 retrouvée lors d'une perquisition à #Marseille suite à un cambriolage. Et si, avec votre aide, @PoliceNat13 réussissait à retrouver la famille du Sergent Soulagnes du 75°RI et à identifier l'actuel propriétaire de la lettre pic.twitter.com/MNOaGAypHb
— Police nationale 13 (@PoliceNat13) 15 février 2018
En l'espace de quelques heures, les partages et réponses se multiplient. Les internautes se mobilisent et mènent l'enquête pour aider la police. Le major Arnaud Louis parle même de "Cluedo avec les internautes." Grâce aux recherches de généalogistes amateurs sur le site Mémoire des hommes, du ministère des Armées, l'acte de naissance de Jean Soulagnes refait surface.
De cette bataille viendra peut-être ma fin, mais aussi la victoire, et l’affreux cauchemar aura vécu. Dites leur que c’est pour eux que j’ai la force de vaincre et que de tout cœur je les presse sur mon cœur
Une trouvaille.... pic.twitter.com/8ujPOgi2sZ
— Ричард Клн (@superasti_) 16 février 2018
Le soldat est bien mort le 8 juin 1915, à Hebuterne, dans le Pas-de-Calais. Problème, la case mariage est restée vide, ce qui laisse supposer l'absence de descendance.
Un grand merci à toutes et tous. Grâce à vos multiples contributions et encouragements, @PoliceNat13 a pu retrouver un descendant du Sergent Soulagnes. Nous vous tiendrons informés au plus vite des suites de cette passionnante "quête historique".... https://t.co/0VLKZlZouk
— Police nationale 13 (@PoliceNat13) 17 février 2018
Deux jours après son premier tweet, la police annonce avoir retrouvé un descendant du sergent Soulagnes, en promettant de donner rapidement des nouvelles de cette enquête historique.
"Il nous reste maintenant à faire quelques vérifications, à déterminer l’orthographe exacte du destinataire de cette lettre de 1915 et à trouver le propriétaire actuel de ce courrier. Si la chance nous sourit, ce propriétaire pourrait être un descendant direct du destinataire Jean Audiffren", a déclaré Arnaud Louis à nos confrères de Ouest-France.
Cette affaire aura montré deux choses : malgré toutes les dérives qui les caractérisent, les réseaux sociaux peuvent avoir une réelle utilité. De même, les nombreux commentaires des internautes le prouvent, l'amour pour la France n'est pas mort !