Ce mardi 16 juin, le personnels soignants se mobilisent pour une nouvelle grande journée nationale de manifestations. Dans l'Aisne, l'Oise et la Somme, une dizaine de rassemblements sont prévus pour peser dans les négociations en cours avec le gouvernement dans le cadre du Ségur de la santé.
C'est la conclusion d'un mois de mobilisation, mais certainement pas la fin d'un mouvement qui agite l'hôpital public depuis plus d'un an : ce mardi 16 juin 2020, les différents syndicats de la santé appellent à une grande journée nationale de manifestation. En Picardie, le personnel de neuf établissements hospitaliers, d'Amiens à Laon en passant par Beauvais, prendra le chemin de la rue pour ponctuer ces "mardis de la colère", débutés le 19 mai dernier.
Revalorisation salariale et fin des coupes budgétaires
"On espère que la crise sanitaire qu'on est en train de vivre servira de gros signal d'alerte, témoigne Florence Dhondt, secrétaire générale FO au CHU d'Amiens, car le moral du personnel est encore plus tendu qu'avant et cette crise laissera des séquelles irrémédiables." Dès 6h30 ce mardi matin, le syndicat organisait une distribution de tract, suivie d'un rassemblement devant l'entrée de l'hôpital. A 14h, c'est au tour de la CGT d'organiser un grand rassemblement devant la maison de la culture d'Amiens.
Avec, toujours, les mêmes revendications, que le gouvernement peine à entendre : une revalorisation salariale de 300 euros par mois pour tout le personnel ainsi qu'une révision des grilles de salaire et l'arrêt immédiat des fermetures de lit ainsi que des restrictions budgétaires. "Cela fait plus d'un an qu'on est dans la rue, martèle Aurélien Coupel, secrétaire adjoint CGT au centre hospitalier d'Abbeville. Aujourd'hui, avec le Covid-19, on voit bien les défaillances de l'hôpital. Du concret, on n'en a pas pour l'instant : il faut un grand changement politique."
Peser dans les négociations du ségur
Et le Ségur de la santé, sorte de grande concertation lancée peu de temps après le déconfinement, n'est pas de nature à apaiser les tensions. "C'est une belle mascarade, dénonce Eric Couq, secrétaire général CGT à l'hôpital de Beauvais. On n'a rien vu du changement de cap annoncé par Emmanuel Macron en avril." Dans l'Oise, le syndicat a fait le choix d'envoyer une centaine de ses militants à la manifestation de Paris. Les autres défileront dans les grandes villes du département : Beauvais, Compiègne ou encore Creil.
Pour que la mobilisation soit efficace, tous comptent sur l'appui du grand public, qu'ils appellent à poursuivre dans la rue l'élan de solidarité amorcé tous les soirs à 20h pendant le confinement. "Le temps des applaudissements et des remerciements, c'est fini, poursuit Eric Couq. Maintenant, il faut descendre dans la rue pour défendre des soins gratuits et de qualité pour tous."
D'autre journées de mobilisation à venir
Les différents syndicats espèrent bien utiliser cette nouvelle journée de manifestation comme un levier pour durcir le rapport de force avec le gouvernement et peser dans les négociations. D'autres actions sont toutefois d'ores et déjà prévues : le 30 juin, puis le 14 juillet, où un hommage particulier devrait être réservé aux soignants. Un hommage mal venu pour le syndicaliste beauvaisien. "Il n'y a pas de héros, il n'y a que des professionnels. Le vocabulaire guerrier, ça suffit. Et puis l'hôpital, c'est aussi des ouvriers et des administratifs qui se mobilisent chaque jour pour les patients."