"Jungle" de Calais : comprendre le démantèlement en 5 questions

"La Jungle, c'est terminé" : après la fin à marche forcée de l'évacuation, quel sera le sort des migrants encore présents jeudi, de ceux qui refuseront de partir, et des mineurs errant autour du bidonville ?

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Combien de personnes prises en charge?

"On est à 6.000 migrants passés par le sas", a indiqué la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio. Environ 4.500 personnes ont été transférées vers des Centres d'accueil et d'orientation (CAO) en régions. Les 1.500 restants sont des mineurs logés au centre d'accueil provisoire (CAP) aménagé dans des conteneurs, et qui était plein mercredi.

Que se passera-t-il pour les autres?

Pour les migrants encore présents jeudi, "il y aura des maraudes" pour leur proposer de partir en CAO, selon Mme Buccio. Un seul choix leur sera toutefois proposé. Dix autocars sont en réserve pour les acheminer. "C'est la dernière proposition", fait-on valoir du côté de la préfecture: après, il n'y aura pas de nouvelle prise en charge.
"On est à un moment sensible, délicat", reconnaît Fabienne Buccio. Si les migrants refusent les offres faites jeudi "ce sera leur choix" mais ils pourront ensuite "être contrôlés et ils s'exposent à des risques". Aussi les associations redoutent-elles des interpellations: selon la Cimade, 90 migrants de Calais ont été placés en rétention administrative depuis lundi.

Quel sort pour les mineurs?

C'est le talon d'Achille de l'opération, puisque selon des associations, 200 mineurs ont dormi dehors mercredi et beaucoup faisaient la queue jeudi à l'aube devant le hangar avant d'aller se masser devant le CAP (actuellement saturé), avec le rêve de traverser la Manche. Les Britanniques semblent en effet disposés à ouvrir plus largement leurs portes à ceux ayant de la famille sur place notamment. Il y avait près de 1.300 mineurs (sur une base déclarative) vivant sur la "Jungle"
La solution trouvée pour ceux qui errent dehors est de les envoyer en "CAO-mineurs", nouvelles structures prévoyant un accompagnement éducatif: deux départs de cars étaient prévus vers la Bretagne et l'Occitanie jeudi, après un vers la Meurthe-et-Moselle mercredi.



Pourquoi une fin aussi rapide?

Les tentes brûlaient encore mercredi lorsque la préfète a annoncé la fin imminente de l'évacuation, assurant que tous les migrants avaient été pris en charge. Une annonce qualifiée de "précipitée" par la maire de Calais, Natacha Bouchart, tandis que certains redoutent un abandon des mineurs.
C'est que les autorités redoutent un "appel d'air", qui attirerait sur Calais les migrants candidats à une évacuation - notamment les mineurs amenés là par leurs passeurs. Un phénomène connu à Paris, où les campements gonflent à l'approche des évacuations.
"Hier soir, on a commencé à voir arriver des migrants d'Allemagne, de Paris et d'ailleurs", selon la préfète, qui refuse que Calais devienne "un sas d'entrée"
pour la prise en charge en France.
Pour bien "faire passer le message", les autorités multiplient les signaux : fermeture du hangar d'accueil, fin programmée de la démolition de la "Jungle" "lundi soir" avec mise en branle des grosses pelleteuses dès le matin...

Cela règlera-t-il le problème migratoire à Calais?

Jeudi encore, beaucoup de migrants croisés sur le campement racontaient "vouloir passer en Grande-Bretagne". Aussi les associatifs mettaient-ils en garde contre une précarisation des migrants restant aux alentours, tandis que Natacha Bouchart a réclamé "des garanties" pour que le campement ne se reconstitue pas.
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