Le détroit du Pas-de-Calais a de nouveau été le théâtre de plusieurs drames ce samedi 5 octobre 2024. C'est au cours de nouvelles tentatives de traversées de la Manche que quatre exilés, parmi lesquels un jeune enfant, ont trouvé la mort.
Le Cross Gris-Nez a été alerté ce samedi matin de la tentative de franchissement du détroit du Pas-de-Calais par une embarcation de fortune. À son bord, on dénombrait 90 personnes entassées tant bien que mal.
Le remorqueur Abeille Normandie déclenchait alors une procédure d'intervention au large du Portel, afin de venir en aide aux exilés confrontés à une panne moteur et qui "demandaient assistance", nous confirmait la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
Arrivés à hauteur du bateau, les marins du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage, ont aussitôt pris en charge une victime, dont les secouristes du SMUR hélitreuillés sur le patrouilleur, n'ont pu que constater le décès. Un adolescent de 17 ans a lui été hospitalisé pour des brûlures aux jambes.
Selon Olivier Barbarin, maire du Portel contacté par l'AFP, l'enfant décédé est âgé de 2 ans. Il est mort de froid dans les bras de sa maman après avoir été écrasé.
L'Abeille Normandie escortant les 13 autres compagnons d'infortune sur la terre ferme, au niveau du quai de l'Europe à Boulogne, tandis que les autres exilés poursuivaient leur route vers l'Angleterre.
Plus tôt dans la nuit : "Plusieurs personnes migrantes ont de nouveau perdu la vie en essayant de rejoindre la Grande-Bretagne dans le cadre d'une traversée maritime de la Manche", indiquait la préfecture du Pas-de-Calais.
Lors d'un point presse organisé au terminal ferry de Calais, le préfet indiquait que trois personnes, deux hommes et une femme d'environ 30 ans, ont été découvertes
inanimées au fond de l'embarcation, "vraisemblablement écrasées, étouffées et noyées
au moment des bousculades, dans les 40 cm d'eau présents au fond de l'embarcation
pneumatique".
"Épouvantable drame qui doit tous nous faire prendre conscience de la tragédie qui se joue. Les passeurs ont le sang de ces personnes sur les mains et notre gouvernement intensifiera la lutte contre ces mafias qui s'enrichissent en organisant ces traversées de la mort", a écrit le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur le réseau social X.
Aujourd’hui plusieurs personnes ont péri en tentant de traverser la Manche. Un enfant est mort piétiné dans une embarcation. Épouvantable drame qui doit tous nous faire prendre conscience de la tragédie qui se joue. Les passeurs ont le sang de ces personnes sur les mains et notre…
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) October 5, 2024
L'année 2024 n'est même pas encore terminée qu'elle est déjà la plus meurtrière en ce qui concerne les traversées de la Manche. Ces nouveaux décès portant à 51 le nombre d'exilés morts dans ces tentatives de traversée.
Ce matin, un enfant d'environ 4 ans meurt pendant une traversée de la Manche.
— Utopia 56 (@Utopia_56) October 5, 2024
C'est ce que @BrunoRetailleau appelle une "conséquence néfaste" de sa politique "efficace" menée à la frontière.
Nous continuerons à dénoncer l'action coupable des États et à soutenir les familles. pic.twitter.com/plitDT7u4N
En réaction aux propos du ministre de l'Intérieur, l'association de défense des migrants Utopia 56 continue de réclamer que : " L'action de l'État doit changer, en menant une action de sauvetage humanitaire en mer, accompagnée d'une politique d'accueil en France et de passage sûr vers l'Angleterre."
La préfecture maritime nous confirmait que des opérations de sauvetage étaient toujours en cours an début d'après-midi. Jacques Billant, préfet du Pas-de-Calais, est sur place pour coordonner le dispositif de sécurité et de secours déployé.
Avec AFP