Publiée dans le Monde 3 jours après le naufrage de migrants le plus meurtrier dans la Manche depuis le 1er janvier 2024, plusieurs députés de gauche et des artistes demandent au futur gouvernement de réaffirmer "les valeurs de solidarité et de fraternité qui sont les marques de notre histoire".
Une tribune adressée au gouvernement, et donc à Michel Barnier, Premier ministre LR fraîchement nommé. Publiée par le journal Le Monde, 3 jours après le naufrage qui a coûté la vie à au moins 12 migrants au large du cap Gris-Nez, le collectif rassemblant des députés de gauche, des artistes et des intellectuels somme le futur gouvernement d’"organiser une politique de l’accueil inconditionnel (et) faire la lumière sur les pratiques à l’œuvre à la frontière franco-britannique".
Parmi les signataires, plusieurs figures du monde de la culture originaires du Nord et du Pas-de-Calais, parmi lesquelles l’actrice lilloise Corinne Masiero, le metteur en scène et directeur du théâtre du Nord David Bobée ou la philosophe et fondatrice de Migraction59 Sophie Djigo.
Une frontière qui tue
Un constat mis en avant par le collectif d’abord : les traversées sont toujours aussi importantes malgré la militarisation de la frontière, où 1 700 policiers et gendarmes patrouillent chaque jour sur le littoral depuis la Belgique jusqu’à la baie de Somme. Ainsi, les signataires de la tribune indiquent que les migrants "pressurisés à Calais" par un "arsenal répressif poussé à l’extrême", prennent de plus en plus de risques "en partant du bas du littoral, ce qui augmente la durée de la traversée et les risques de naufrage".
Depuis le 1er janvier 2024, au moins 37 exilés ont perdu la vie en tentant de rejoindre l’Angleterre, un triste record depuis l’explosion du phénomène des traversées de la Manche. Au-delà du sordide décompte des morts, cette situation humanitaire désastreuse "nourrit à la fois les réseaux mafieux qui tirent parti de cette misère humaine, mais également les partis d’extrême droite qui violent cette désertion de la puissance publique, une occasion d’engranger des voix".
Solidarité et fraternité
Via cette tribune, les députés de gauche et les artistes signataires demandent au futur gouvernement de supprimer les accords du Touquet. Depuis leur signature en 2003, la frontière britannique s’est déplacée à Calais "où la police française est devenue le bras armé de la politique migratoire britannique", indique la Tribune. Des accords qui "ne permettent pas le respect de l’Etat de Droit".
Enfin, les signataires demandent à l’Etat français de réaffirmer "les valeurs de solidarité et de fraternité qui sont les marques de notre histoire", via une "politique de l’accueil inconditionnel".