"Jungle" de Calais : reprise du démantèlement avec des migrants récalcitrants

Les travaux de démantèlement d'une partie de la "jungle" de Calais se poursuivaient dans le calme mardi après les incidents de lundi, mais les maraudes organisées par l'Etat se heurtent parfois au refus des migrants de quitter les lieux.

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Une vingtaine d'ouvriers de la société Sogéa mandatée par l'Etat, vêtus de gilets oranges, ont commencé avant 9h00 à déblayer le terrain des abris de fortune, laissés vides, dans un nouveau périmètre de la zone sud jouxtant celui où ils étaient intervenus lundi. Par un froid glacial, et sous la neige fondue, la progression des ouvriers, aidés de deux pelleteuses qui faisaient table rase de ces cabanes ou caravanes, se faisait sous protection d'un important cordon de CRS.

Elle n'était pas sans à-coups, cependant: il faut en effet d'abord convaincre les occupants de partir, "un travail de persuasion" selon le sous-préfet de Calais Vincent Berton, mené tant bien que mal par les équipes de maraudes sociales. "Vous devez prendre vos affaires et partir, la police va venir", expliquait ainsi un membre de ces maraudes à un groupe de migrants soudanais, pas décidés du tout à abandonner leurs cabanes. "Nous avons déjà connu la prison et les tortures, cela ne nous fait pas peur!", lui ont répondu les migrants, refusant de rejoindre l'un des 102 Centres d'accueil et d'orientation (CAO) disséminés partout en France ou d'emménager dans le Centre d'accueil provisoire (CAP), des conteneurs chauffés en périphérie de la "jungle", où ils craignent, disent-ils, de devoir laisser leurs empreintes à leurs dépens. Des attroupements se forment alors, l'avancée est stoppée, et "pour le moment on les laisse sur place", explique le sous-préfet. Conscient des difficultés, les équipes de maraude vont jusqu'à ne plus proposer les options CAP ou CAO, au profit des tentes de la sécurité civile en bordure du bidonville.


"Activisme d'une poignée de militants"

Lundi, selon la préfecture, 43 migrants, répartis en deux bus, ont toutefois été acheminés vers deux CAO près de Bordeaux et Montpellier. Ils n'étaient que cinq vendredi, au lendemain de la décision du tribunal administratif de Lille d'autoriser l'évacuation de la zone sud de la "jungle", où vivent entre 800 et 1000 migrants selon la préfecture mais 3450 selon les associations. Les militants altermondialistes du collectif No border avaient en effet multiplié
les interventions pour dissuader les réfugiés d'accepter ces propositions, tentant de les empêcher de monter dans les bus. Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a dénoncé mardi "l'activisme d'une poignée" de ces militants "extrémistes et violents", qui a rendu "nécessaire", selon lui, la présence de policiers. Leur activisme "ne changera rien" à la détermination de l'Etat de mener à bien l'opération, a ajouté M. Cazeneuve.

Lundi, les heurts se sont multipliés entre d'une part ces militants radicalement opposés aux politiques de contrôle de l'immigration et certains migrants, et d'autre part les CRS, du début d'après-midi jusqu'en soirée. Les forces de l'ordre ont notamment riposté par gaz lacrymogène aux jets de projectiles.Entre 19h00 et 20h00, quelque 150 migrants, certains armés d'une barre de fer, s'étaient ainsi introduits une heure durant sur la rocade portuaire jouxtant la "jungle" de Calais, lançant des pierres ou tapant sur des véhicules en partance vers l'Angleterre. La nuit de lundi à mardi a été cependant calme.
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