Les travaux de démantèlement de la partie sud de la "Jungle" de Calais, le plus grand bidonville de France, ont repris dans le calme lundi pour la deuxième semaine consécutive.
Malgré le froid glacial et une fine couche de neige tombée dans la nuit, les équipes de la Sogéa, la société mandatée par l'Etat pour déblayer le terrain des abris de fortune, se sont déployés sur le terrain après la suspension des opérations ce week-end. Un peu plus de 2 hectares sur les 7,5 ont déjà été démantelés depuis lundi dernier, selon la préfecture.
Un groupe d'environ 70 personnes, bloqué par un important cordon de CRS, regardait avec fatalisme la poursuite des destructions. Des enfants ont tenté d'offrir des roses blanches aux policiers qui sont restés stoïques. Les manifestants pacifiques portaient également des pancartes "Pays européens, où sont les droits de l'homme ?", "Ne détruisez pas notre espace de vie".
"Ils ont détruit nos maisons"
Un groupe de neuf Iraniens qui se sont cousu la bouche en milieu de semaine passée en signe de protestation, affirmant également être en grève de la faim, a rejoint ce rassemblement. Seul l'un d'entre eux exposait son visage, les autres le protégeant par un cache-nez. Un de ces migrants iraniens avait expliqué samedi à l'AFP: "Ils ont détruit nos maisons. Nous avons nous-mêmes décidé de faire ce geste".Cette initiative spectaculaire avait suscité la polémique. La préfecture avait fait état de sa "profonde émotion" devant ce geste, mais jugé que "rien" ne justifiait de telles extrémités alors que l'Etat mettait "tout en oeuvre pour sortir les migrants des conditions indignes" dans lesquelles ils survivent dans la zone sud de la "Jungle". Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait évoqué une possible manipulation.
Dans le même temps et à quelques kilomètres plus à l'est, à Grande-Synthe (Nord), le premier camp de réfugiés aux normes internationales jamais construit en France doit ouvrir dans la matinée. Quelque 200 cabanons en bois isolés pourront accueillir les 1.050 migrants présents dans l'ancien camp insalubre de Grande-Synthe.