L'Etat débloque un milliard d'euros pour les agriculteurs victimes du gel : "pour moi, ces aides sont indispensables"

Après la mise en place du dispositif de "calamité agricole" par le ministre de l'Agriculture pour les cultures victimes du gel du début du mois d'avril, Jean Castex a annoncé, ce samedi 17 avril, des aides supplémentaires. Dans l'Aisne, les arboriculteurs sont rassurés.

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Les grandes variations de températures du mois d'avril ont été un nouveau coup dur pour certains agriculteurs de la région. La douceur de la fin mars n'a pas duré, et le gel s'est invité brutalement dans les exploitations début avril, provoquant des dégâts sur certaines cultures, notamment dans l'Aisne et le sud de l'Oise. Le ministre de l'Agriculture a d'ailleurs rapidement déclaré que le régime de "calamité agricole" serait mise en place, c'est-à-dire un ensemble de "mesures d'accompagnement".

Une semaine plus tard, ce samedi 17 avril, Jean Castex a annoncé une aide exceptionnelle de l'état "à hauteur d'un milliard d'euros", avec la création d'un fonds de solidarité d'urgence, et d'autres mesures comme le report et l'exonération de certains cotisations sociales et des dégrèvements de taxe foncière sur le non bâti. 

Les fruitiers durement touchés

Les arbres fruitiers, particulièrement senibles aux aléas climatiques, ont été durement touchés par ces variations de températures. Les bourgeons se sont ouverts lors de l'épisode de douceur, les fleurs ont été confrontées directement au gel et beaucoup ne l'ont pas supporté. "Selon les endroits certains accusent 100% de pertes, déplore Guillaume Seguin, président du syndicat des arboriculteurs de Picardie et propriétaires de vergers dans le sud de l'Aisne. Il y a de très grandes disparités selon la situation géographiques du verger. Moi par exemple, j'ai un verger à la Ferté-Milon qui a gelé à 80%, et un autre à Dampleux (à une dizaine de kilomètres de la Ferté-Milon, ndlr), qui a gelé aux alentours de 50%."

L'avenir de son entreprise dépend donc des aides de l'Etat. "Pour moi, c'est indispensable : j'ai 8 000 euros de frais fixes par hectare, que je ne peux pas payer si je n'ai pas de production et pas d'aides." Il attend néanmoins les détails de répartition et de conditions d'accès. "Déjà, le gouvernement a revu les conditions d'indemnisation dans le cadre de la calamité agricole et on pourrait être indemnisé jusqu'à 40% des pertes théoriques, donc ça, c'est bien. Mais pour le report des cotisations par exemple, c'est à voir, car une année blanche, c'est bien, mais si c'est pour se retrouver à payer deux années en une l'année prochaine..."

D'autant que le département de l'Aisne ne compte qu'une trentaine d'arboriculteurs, souvent de petites entreprises, qui n'ont pas forcément de grands moyens. 

Un peu d'espoir dans les champs de betteraves

Une autre culture, qui prend plus de place celle-ci, et qui pourrait faire les frais de ces aléas climatiques est celle de la betterave. Mais il est encore un peu tôt pour se prononcer. "Je ne suis pas du tout sûr que l'ont soit éligibles pour les aides, déjà parce qu'on ne sait pas encore les modalités, mais aussi parce que pour l'instant, on est en pleine évaluation des dégâts", explique Dominique Gandon, président du syndicat des betteraviers de l'Aisne.

D'après lui, les betteraviers axonnais ont bien remarqué les effets du gel sur les plantes mais ne sont pas encore capable de dire s'ils vont provoquer des pertes. "Il y a un effet mécanique qui fait que quand la terre gèle, elle gonfle, et quand elle dégèle, elle dégonfle. La plantule se fait pincer par ce mouvement de terre, précise-t-il. Là, on voit qu'on a des plantules sous terre et qu'elles sont pincées, mais on ne sait pas encore si elles sont trop pincées pour ressortir. Donc oui, il y a eu un effet, mais peut-être que les plantes vont pouvoir s'en remettre."

Il estime que l'évaluation des dégâts sera plus précise d'ici le milieu de la semaine prochaine. Et d'ici là, le gouvernement aura peut-être détaillé les modalités de versement des aides : une cellule de crise doit se tenir ce lundi pour les déterminer. Pour le moment, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a simplement promis sur France Info que le calendrier serait "adapté aux réalités du terrain". A propos des arboriculteurs, il dit avoir conscience de la nécessité d'agir rapidement car les "pertes de revenus vont arriver dès les toutes prochaines semaines."

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