Le gouvernement a coupé court mardi aux velléités de Frédéric Cuvillier et d'autres élus locaux de mettre en place une écotaxe au niveau régional, dans le Nord-Pas-de-Calais - Picardie notamment, estimant que le sujet était clos. Les têtes de liste aux élections régionales de décembre réagissent.
« Le gouvernement n'envisage pas du tout d'ouvrir la possibilité » d'une écotaxe au niveau des régions, ont déclaré les services du Premier ministre à l'AFP.La formule, tranchante, est venue mettre fin à l'idée lancée lundi par Frédéric Cuvillier, député-maire PS de Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais) et ancien ministre des Transports. « J'ai plaidé dès l'an dernier pour que le principe de l'écotaxe, qui a dû être abandonné au niveau national, puisse renaître dans les régions », avait-il expliqué, réclamant « un moratoire » au gouvernement sur le démantèlement des portiques dans la région Nord-Pas-de-Calais/Picardie et souhaitant s'inspirer du système belge baptisé « Viapass ». Il avait reçu le soutien de Pierre de Saintignon, tête de liste PS pour les régionales de décembre dans la nouvelle région.
> Revoir : Notre éclairage sur la piste d'une écotaxe en Nord-Pas-de-Calais - Picardie
Dans la foulée, Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale et tête de liste PS pour les régionales en IDF, s'était également déclaré « favorable » à la mise en place d'une écotaxe pour les camions en Ile-de-France. « Ce serait une bonne chose que de trouver un système qui permette d'élargir la base de nos financements pour pouvoir le plus vite possible réussir la modernisation de nos réseaux de transports », avait-il dit.
Certains régions sont plus concernées
L'écotaxe avait été abandonnée en octobre 2014 après la fronde des « bonnets rouges » et le gouvernement avait signé en décembre un accord sur le dédommagement du consortium franco-italien Ecomouv', qui était chargé de collecter cette taxe écologique, prévoyant de lui verser environ 800 millions d'euros.
Mais mi-juin, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal avait dit qu'elle allait examiner l'idée de laisser la possibilité à certaines régions de mettre en place une écotaxe pour les poids lourds en transit. « Je pense que c'est une bonne idée, non seulement pour la région Ile-de-France mais également pour d'autres régions, par exemple comme la région Alsace », qui subit « un détournement des camions » qui payent en Allemagne et pas en Alsace, avait déclaré la ministre.
Pierre de Satignon plaide pour « des discussions très importantes »
Interrogé sur ces propos, le gouvernement a répondu: « entre le moment où l'écotaxe a été suspendue et le moment où on a liquidé le dispositif, il y a eu tout un temps de réflexion sur les alternatives, dont celle-là, mais maintenant, on en n'est plus là ». Depuis la liquidation du dispositif, «il n'y a plus de sujet d'écotaxe, et il n'y pas lieu de le faire rebondir ».Pierre de Saintignon a estimé que cette position était « de la responsabilité du gouvernement », qui est « seul en mesure d'accepter ou de refuser » la mise en oeuvre d'une taxe pour le transport routier, précisant qu'il continuait de plaider pour « des discussions très importantes » avec toutes les parties prenantes sur ce sujet.
« Une folie » pour Xavier Bertrand
Après la réaction de Matignon, Xavier Bertrand, tête de liste du parti des Républicains pour les régionales en Nord-Pas-de-Calais/Picardie, a affirmé que l'instauration d'une taxe sur le trafic international de poids lourds dans cette région serait « une folie, qui pourrait vraiment tuer le transport routier ». Pour le maire de Saint-Quentin, « l'écotaxe serait un impôt en plus, au bout du compte c'est le consommateur qui paierait et ça, c'est hors de question ».Le gouvernement doit encore dire quel dispositif il mettra en place à partir de 2016 pour remplacer les recettes de l'écotaxe. Deux possibilités sont envisagées: une vignette, ou une pérennisation du dispositif mis en place pour 2015, l'extension aux poids-lourds de la hausse de quatre centimes par litre de la taxe sur le gazole.