Déjà lorsqu'il était à Valenciennes, le défenseur prometteur avait été approché pour entrer dans les centres de formation du PSG, du Bayern ou des deux clubs de Manchester.
Ses copains le surnomment "la Bête", il a crevé l'écran contre l'Atlético, mais Dayot Upamenaco reste méconnu en France, son propre pays : le défenseur central de Leipzig, formé au VAFC (de 2013 à 2015) aura l'occasion de briller mardi contre les stars du Paris SG en demi-finale de Ligue des champions.
Jeudi en quarts, il suffisait de voir les mimiques d'impuissance de Diego Costa, le pourtant solide attaquant madrilène, pour comprendre la pression que ce garçon de 21 ans né à Evreux peut mettre sur ses opposants directs.
Intraitable d'homme à homme, impérial de la tête dans sa surface, rageur dans ses montées balle au pied pour créer le surnombre, "Upa" a tout pour être un futur pilier de l'équipe de France.
"C'est marrant qu'il ait autant surpris la France", relève d'ailleurs son équipier Marcel Sabitzer, le poumon du milieu de terrain du RB. "Contre Tottenham (en 8e de finale), il avait déjà fait une bonne performance, et en championnat il a fait beaucoup de très bons matches (...) Qu'il devienne à l'avenir l'un des meilleurs défenseurs centraux du monde, j'en suis assez certain."
Vélo et zoo
Au club, il a marqué les esprits dès son arrivée en 2017. Timo Werner, à l'époque, avait l'habitude à l'entraînement de réussir des grands ponts sur tous ses partenaires. Upamecano, du haut de ses 18 ans, fut le premier à parvenir à l'arrêter du premier coup !"Sur le terrain, c'est une bête, personne ne veut jouer contre lui", témoigne son coéquipier du milieu de terrain Emil Forsberg, international suédois. "Il possède toute la panoplie du défenseur central."
"Il a un talent de défenseur hors du commun", renchérit son entraîneur Julian Nagelsmann, qui l'appelle aussi "la Bête". "Il est incroyablement rapide et a une énorme puissance corporelle. Son potentiel est incroyable, et il est loin d'avoir encore montré tout ce qu'il peut faire."
Et d'ajouter, en bon formateur : "Il fait encore parfois de petites fautes d'inattention, mais il n'en a fait aucune contre l'Atlético. Il a joué intelligemment".
Hors des terrains, "la Bête", élevé dans une famille unie et chaleureuse, se transforme en jeune homme introverti, presque timide, qui évite les interviews, ayant souffert de bégaiement dans son enfance.
Pas du genre à afficher des extravagances sur les réseaux sociaux. Il arrive parfois à l'entraînement à vélo, et n'aime rien tant dans son temps libre que de visiter le zoo de Leipzig.
Non au PSG et au Bayern
À 16 ans, alors qu'il jouait chez les jeunes à Valenciennes, plusieurs grands clubs, dont le Paris SG, les deux clubs de Manchester, United et City, et le Bayern ont cherché à l'attirer vers leurs centres de formation.Mais il a choisi le RB Salzbourg, avec la promesse que, dans l'empire Red Bull du football, il aurait plus de chances de se faire rapidement une place chez les professionnels.?O.Bijotat, le formateur d'Upamecano à VA : «Au début, il avait sa force athlétique mais beaucoup de déchet technique. On n’a pas eu peur de proposer des exercices d’attaquant pour qu’il soit + fluide, qu’il soit au cœur du jeu et touche + de ballons.» https://t.co/xkfl0LmyO4 pic.twitter.com/hT9UaklgZZ
— VAFC Inside (@VAFCinside) August 17, 2020
Après s'être imposé comme titulaire à 17 ans (deux doublés Coupe-Championnat en Autriche), il est arrivé un an plus tard à Leipzig, où ses débuts ont été difficiles.
Pour sa première titularisation, le coach Ralph Hasenhüttl l'a sorti après 30 minutes. "Nous avons craint que ça le perturbe complètement, a avoué plus tard Hasenhüttl, mais c'est le contraire qui s'est produit. Il a rapidement appris de ses erreurs".
Quatre saisons plus tard, ce copain d'enfance du Barcelonais Ousmane Dembélé compte 83 matches de Bundesliga, et 27 matches européens, Ligue Europa et Ligue des champions confondues. Il fut aussi demi-finaliste de l'Euro-2019 Espoirs avec la France.
Mais le match contre le PSG sera le plus important de sa jeune carrière. S'il parvient à museler Mbappé et consorts, il sortira définitivement de son relatif anonymat, pour se rappeler aux bons souvenirs des recruteurs des plus grands clubs et, qui sait, du sélectionneur des Bleus Didier Deschamps.