Le président du Lille Métropole Rugby, interdit de montée en ProD2, a réglé ses comptes jeudi soir sur notre antenne. Ses cibles : Patrick Kanner, ministre des Sports, et Pierre Carnou, président de la fédération.
Comme disait un ancien commentateur du rugby sur France Télévisions, "le cabane est tombée sur le chien". Jeudi, le tribunal administratif de Versailles a enterré les derniers espoirs du Lille Métropole Rugby d'évoluer en ProD2, l'antichambre du prestigieux Top 14. "C'est une immense déception, aussi bien pour moi que pour les joueurs, les bénévoles, pour tous les gens qui travaillent au club, tout ce qu'on a fait depuis trois mois", a réagi sur notre antenne Jean-Paul Luciani le président du club nordiste, qui avait gagné sa promotion sur le terrain en accédant à la finale de la Fédérale 1 (3e division). "En même temps, c'est un soulagement parce que ça ne pouvait pas durer comme ça, cette pression, ce n'était pas possible, il fallait que ça s'arrête".
Le LMR a a été interdit de monter pour raisons financières par la Direction nationale d'aide au contrôle de gestion (DNACG) en première instance, puis par la FFR en appel. Il avait ensuite essuyé une nouvelle déconvenue la semaine passée auprès du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et avait donc saisi en référé le tribunal administratif. C'est finalement Dax, rélégué sportivement en Fédérale 1, qui prendra la place de Lille en ProD2. "Les dirigeants et les supporters de Dax ont fait le même travail que nous, ils ont défendu leur club, c'est normal, dans le rugby, on défend son maillot", reconnaît Jean-Paul Luciani. "A la limite, j'en veux moins aux supporters de Dax qu'à certaines personnes qui, elles, par contre, n'ont rien fait, dont des personnes du Nord."
Dans le viseur du président du LMR, Patrick Kanner, le ministre des Sports. "Je suis révolté que le ministre des Sports ne soit pas intervenu devant notre injustice. Il est du Nord, il est de Lille, c'est sa ville. Si aujourd'hui il est ministre c'est parce qu'il a été élu par des gens du Nord. Ça, il l'a complètement oublié". Jean-Paul Luciani en veut également à Pierre Carnou, le président de la Fédération Française de Rugby (FFR). "Il est venu ici dire qu'il fallait un club à Lille et au lieu de nous aider et nous accompagner, il nous a mis la tête sous l'eau. Et il continuera parce qu'il a l'esprit de vengeance dans la tête".
Retour en Fédérale 1
Le LMR doit donc se résoudre à évoluer la saison prochaine en Fédérale 1. "On va remonter nos manches, recommencer le travail, on aura beaucoup appris quand même...", estime le président du club nordiste. Mais le moral des troupes en a pris un sérieux coup. "C'est des années et des années de boulot, de sacrifice pour nous les joueurs et nos familles, nos femmes et nos enfants qui nous ont suivis", déplore Guillaume August, le deuxième ligne de l'équipe. "C'est tout un monde qui s'écroule"."On va voir comment on peut rebondir, comment on peut continuer à se battre et les solutions qu'on peut apporter aux joueurs", nous a confié Philippe Caloni, l'entraîneur-adjoint. Le recrutement et les salaires ont en effet été prévus pour la ProD2, mais le budget est désormais amputé de 3 millions d'euros avec la rétrogradation en Fédérale 1. Les dirigeants lillois vont donc devoir résoudre cette douloureuse équation.
En attendant, le match amical prévu contre l'AS Mâcon ce samedi au Stadium Lille Métropole a été annulé.
Les réactions politiques à la rétrogradation du LMR
Martine Aubry (maire de Lille) : "Après avoir été aux côtés du club pendant ces mois d’incertitude, je regrette que les rugbymen du LMR, qui avaient gagné leur place sur le terrain, ne soient pas en Pro D2 cette année et qu’aucun club ne représentera le Nord dans ce championnat. La nouvelle équipe avait pourtant mené un travail important."Damien Castelain (président de la Métropole Européenne de Lille) : "Ma déception est grande, à la hauteur de mon engagement aux côtés du club. (...) Cette période laborieuse a permis aux nouveaux dirigeants d’assainir les finances et de repartir sur des bases solides pour l’avenir. Elle a aussi été l’occasion de constater une mobilisation sans précédent autour du club. Tous les métropolitains et les amateurs de rugby étaient à l’unisson derrière les rouges et blancs. Même en fédérale 1, nul doute qu’ils seront nombreux dans les travées du Stadium pour les encourager."