Avec 157.000 salariés, la logistique est devenue un des fers de lance de l'économie des Hauts-de-France, grâce notamment à sa situation géographique au coeur de l'Europe du Nord et à la qualité de ses infrastructures routières.
Dernière opération en date : le 29 mars, Goodman, groupe spécialisé en immobilier logistique, annonce la construction d'un nouveau bâtiment de 37.000 m2 dans un parc d'activités à Douai. Preuve de la confiance de l'investisseur, l'entrepôt est construit "en blanc", sans occupant défini. "C'est leur cinquième bâtiment en cinq ans", se félicite Christian Poiret, président de la communauté d'agglomération de Douai. "Dans le Nord, il y a eu le charbon, le textile, la sidérurgie... Et le commerce de demain c'est la logistique : il faut s'y engouffrer !", ajoute l'élu.
Avec le taux de chômage le plus élevé de France métropolitaine (11,9 %), les Hauts-de-France entendent profiter du développement du commerce en ligne. "La logistique marche bien dans les Hauts-de-France car l'Ile-de-France a besoin d'une base arrière et d'entrepôts", relève Jean-Claude Fenouillet, directeur régional de l'Insee.
Une vingtaine de métiers dans la logistique
De fait, en arrivant à Lille, Douai ou Amiens, la présence d'énormes entrepôts le long des autoroutes frappe aujourd'hui le voyageur. Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, se souvient pourtant de l'époque où l'on regardait avec méfiance ce secteur, réputé offrir des conditions de travail difficile pour une maigre pitance. "Beaucoup d'élus disaient : la logistique, ça prend beaucoup de m2 pour peu d'emplois. Et on pensait que la logistique ce n'était que des caristes qui installaient dans les rayonnages. Or, il y a une vingtaine de métiers différents dans la logistique et souvent payés plus que le SMIC". "La région combine le plus d'avantages qu'on peut trouver : la qualité des infrastructures, en particulier routières, ainsi qu'une qualité et un volume en termes de bassin d'emplois très significatif", note Philippe Arfi, directeur général de Goodman France. Autre as dans la manche, selon ce professionnel, "la maîtrise du foncier et des prix des terrains. Dans les opérations comme les nôtres, qui sont de très grande taille, le foncier pèse énormément dans le coût total de l'opération".
Électrochoc
Désormais, la région accueille plus de 600 entrepôts ou plateformes logistiques de plus de 5.000 m2 et propose la surface d'entreposage la plus élevée de France métropolitaine, d'après un rapport de l'Insee.Parmi celles-ci figurent les mégas entrepôts du mastodonte de la vente en ligne, Amazon. Avec l'ouverture d'un centre de distribution de 90.000 m2 à Lauwin-Planque en 2013 et d'un autre près d'Amiens de plus de 100.000 m2 en 2017, Amazon a retenu le Nord en raison de "l'implantation géographique, la connexion avec des infrastructures de transport existantes et l'intégration au sein d'un réseau autoroutier". Sans oublier "un bassin d'emploi solide, qui correspond à nos besoins en termes de recrutement", explique un porte-parole de l'enseigne.
Plus récemment, le 20 novembre 2017 a été un "électrochoc" rappelle Laurent Desprez, directeur du pôle d'excellence régional Euralogistic. Ce jour-là, un train parti de Wuhan en Chine a mis 20 jours pour rallier la plateforme Delta 3 à Dourges (Pas-de-Calais), soit deux fois moins de temps que par bateau, selon M. Desprez. "C'est le signal d'une région logistique convoitée, qui bouillonne. Toute la mécano de l'entrepôt, on l'a chez nous", sourit le "boss" d'Euralogistic qui forme près de 2.500 personnes par an du niveau CAP au master.
C'est d'ailleurs un sujet que Xavier Bertrand (ex-LR) abordera la semaine prochaine lors de sa visite en Chine : "Je vais dire aux investisseurs chinois +si vous voulez venir en Europe, le hub logistique, la porte d'entrée, ce sont les Hauts-de-France+. Aujourd'hui, il y a beaucoup d'entrepôts logistiques avec des milliers et des milliers d'emplois, mais j'en veux davantage".