Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a désigné Emmanuel Macron comme le "seul responsable" de la crise déclenchée par la proposition de loi "sécurité globale", et affiché son soutien au ministre de l'Intérieur.
"C'est du travail d'amateur d'ajouter une crise politique à la crise sanitaire". Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, et probable candidat à l'élection présidentielle en 2022, n'a pas mâché ses mots à l'égard d'Emmanuel Macron, après les manifestations contre la proposition de loi " sécurité globale" qui ont réuni entre 130 000 et 500 000 personnes ce samedi 28 novembre. Sa cible : le président de la République, Emmanuel Macron, le "seul responsable de tout cela".
Le seul responsable, c’est le Président de la République. Il n’est pas à l’aise sur les sujets de sécurité. La protection des Français n’est pas dans son ADN. C’est un Président caméléon, il change d’avis et d’attitude en fonction des circonstances. #BFMPolitique pic.twitter.com/phUTfW2Xmb
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) November 29, 2020
L'article 24 de la proposition de loi sur la sécurité globale, qui pénalise la diffusion malveillante d'images de policiers et de gendarmes, a en effet suscité une vive opposition depuis son arrivée dans l'hémicycle. Pour Xavier Bertrand, la méthode choisie n'a pas été la bonne.
Le texte n'aurait pas dû "s'appuyer sur la loi sur la presse, mais sur le code pénal", précise le président des Hauts de France, qui reconnait qu' "à l'origine, il y a une demande tout à fait légitime". A la place, il propose de renforcer la loi relative au cyberharcèlement, en doublant les peines pour tous les agents publics et les forces de l'ordre, et de se servir de la future loi contre le séparatisme.
Mais surtout, le favori aux élections régionales dans la région Hauts-de-France met en cause personnellement le Président Emmanuel Macron, "seul responsable de cette crise politique", en taclant: "C'est lui (ndlr, Emmanuel Macron) qui avait fait cette promesse en recevant les syndicats de policiers, mais (..) sans regarder quelle était la bonne façon d'apporter garantie et protection aux policiers et aux gendarmes."
L'ancien cadre LR a ainsi dédouané, en quelque sorte, son ancien directeur de campagne, Gérald Darmanin, cible de très nombreuses critiques. Le ministre de l'Intérieur avait d'abord défendu cette loi et la version initiale de l'article 24, avant de faire machine arrière. Il se réjouissait ainsi sur Twitter du vote de l'Assemblée nationale en première lecture de ce texte le 24 novembre.
La proposition de loi sur la sécurité globale a été très largement adoptée par l'Assemblée nationale. ✅
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) November 24, 2020
?Renforcement des compétences des polices municipales
?Renforcement de la protection des forces de l’ordre
?Interdiction de la vente des mortiers pic.twitter.com/5O73HV4L6t
Mais il avait surtout précisé que les journalistes couvrant les manifestations devraient se rapprocher des autorités, avant de se raviser.
Suite à notre Tweet https://t.co/OxOAc5ywTT qui fait le buzz ce soir, @GDarmanin nous répond indirectement et l'honnêteté journalistique nous impose de publier la réponse du ministre. #Presse #LibertedelaPresse #PPLLoiSecuriteGlobale pic.twitter.com/5Fv72125QH
— LINE PRESS (@LinePress) November 18, 2020
Refusant de condamner le ministre de l'intérieur, Xavier Bertrand a précisé : "Je ne suis pas l'avocat de Gérald Darmanin, et je ne serai certainement pas son procureur", ajoutant que l'ancien maire de Tourcoing avait eu raison de proposer à l'issue de l'enquête la révocation des policiers mis en cause dans le passage à tabac d'un producteur, si les faits sont avérés. Mais il a souligné qu'il fallait "aussi qu'on arrête de le rendre responsable de tout, et des tensions dans le pays".