Marie Lavandier, nouvelle directrice du Louvre-Lens, inauguré en 2012 sur un ancien carreau de mine, estime que le musée est en train de gagner son pari en accueillant des visiteurs peu habitués à fréquenter les établissements culturels. Entretien.
Plusieurs voix se sont inquiétées d'une baisse de la fréquentation du musée. Que répondez-vous ?
"Ca me met assez en colère, car ce n'est pas vrai. Ce qui est fait ici n'est pas quelque chose d'évident et c'est en passe d'être réussi. Si certaines expos ne trouvent pas leur public, je dois y être attentive mais la fréquentation globale est énorme ! Il y a déjà eu deux millions de visiteurs et 60% de visiteurs viennent de la région : c'était le jeu et on est en train de réussir.Et 60% des visiteurs ne sont peu ou pas familiers des musées ! On le fait à partir d'une politique très volontariste auprès des publics, on fait le boulot, on est inventif. Et le Louvre- Lens, ce sont 84 millions de retombées économiques les trois premières années. Ce chiffre s'est stabilisé autour de 20 millions par an".
Quels vont être vos axes de développement ?
"Le premier axe est le parc. Cette architecture merveilleuse est placée dans un écrin, très contemporain, pas forcément très facile à comprendre du premier abord. Le parc a été beaucoup critiqué, j'ai déjà connu ça ailleurs, un bâtiment est au top de sa forme tout de suite, un parc il lui faut cinq ans pour s'installer ! Il faut mieux l'expliquer, c'est un espace public, il est même ouvert aux vélos dorénavant.Deuxièmement, ce musée n'aura pas réussi et atteint son but s'il n'est pas profondément porté par les habitants et en particulier par ses voisins. L'expo RC Louvre, fondée sur une collecte auprès de supporteurs de l'équipe de football de Lens, s'inscrit un peu dans cette perspective. Concernant les expositions, je pense qu'il faut "mixer" des approches monographiques et des approches plus décloisonnées, plus thématiques: ça peut être la mine, les mondes souterrains..."
Que va apporter l'implantation en 2019 des réserves du Louvre à Liévin ?
"La totalité des réserves vont venir à Liévin, au bout du parc, les deux sites s'articulant en aile de papillon. Ca va être l'occasion pour le territoire d'accueillir en plus du Louvre-Lens, un pôle de réserve, où vont circuler des professionnels, des conservateurs, des transporteurs, des régisseurs...Les musées de la région vont pouvoir aussi bénéficier d'espaces de réserves et d'espace technique de conservation ou de restauration. Il va y avoir un pôle de compétence muséal extrêmement important dans la région française la plus riche et la plus dense en terme de musées, hors Ile-de-France, avec un vrai enjeu de rayonnement".
Propos recueillis par Benjamin MASSOT