Le site historique du boulevard Barbès à Paris sera bientôt le seul Tati en France, son propriétaire depuis deux ans ayant décidé de fondre l'enseigne dans sa quasi-totalité au sein de Gifi, avec au passage la fermeture de 13 autres magasins Tati en difficulté.
En 2020, "il ne restera qu'un seul Tati en France, celui de Barbès" à Paris, a annoncé ce mardi Philippe Ginestet, le président du groupe GPG, en précisant que la centaine d'autres magasins de l'enseigne au vichy rose passeront sous pavillon Gifi. Cette "réorientation stratégique" répond à "une logique économique et sociale de préservation des emplois", les tests effectués par le groupe démontrant que les Tati déjà passés en Gifi dégagent de meilleurs chiffres d'affaires, a expliqué M. Ginestet, propriétaire des deux marques.
Annoncée ce mardi en CCE, elle s'accompagnera d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) visant à la fermeture des 13 magasins Tati "qui affichent des pertes durables" et la suppression des postes de 189 collaborateurs pour qui "des mesures de reclassement" seront mises en place.
La liste des 13 magasins qui vont fermer n'a pas encore été communiquée. Dans les Hauts-de-France, l'enseigne compte 16 boutiques : Lille-Hellemmes (Nord), Valenciennes (Nord), Louvroil (Nord), Arques (Pas-de-Calais), Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais), Arras (Pas-de-Calais), Amiens (Somme), Saint-Quentin (Aisne), Chambry (Aisne), Soissons (Aisne), Venette (Oise), Beauvais (Oise), Creil (Oise) et Chambly (Oise).
Celles qui ne fermeront pas deviendront donc des Gifi. Des représentants de la CGT du Commerce et des Services devraient informer les salariés sur leur avenir dès ce mercredi. Selon La Voix du Nord, ceux du magasin Tati de Vendin-le-Vieil, dans la zone commerciale Cora 2, ont été rassurés sur leur sort fin juin, mais l'incertitude demeure pour d'autres...
28 millions d'euros de pertes en 2018
Propriété du groupe Eram depuis 2004 après avoir été fondée en 1948 par Jules Ouaki, l'enseigne au vichy rose, en difficulté, avait été mise en vente en mars 2017 puis placée en redressement judiciaire. Le groupe GPG de Philippe Ginestet, fondateur des magasins Gifi, avait été alors choisi pour reprendre les 109 magasins et 1 428 salariés, avec la promesse de maintenir l'enseigne Tati.
"Pendant deux ans, nous avons tout fait pour sauver l'enseigne et les emplois, j'y tenais depuis le début", a affirmé M. Ginestet, mais les pertes de l'entité Tati ont été trop importantes en 2018, "de l'ordre de 28 millions d'euros", et "malheureusement" cette année elles le seront encore plus.
"On avait annoncé qu'on investirait 80 millions d'euros, on en a finalement investi 150 pour redresser cette équipe, notamment sur le textile avec l'embauche de 100 personnes", redynamiser l'enseigne, remettre les magasins en état, innover au niveau des concepts, ou encore faire de la publicité, avec un nouveau slogan: "chez Tati, t'as tout", a rappelé M. Ginestet. "On a totalement réinventé Tati de l'intérieur en deux ans" mais en vain, a-t-il plaidé.
Dans le même temps, Gifi, fondée en 1981 et spécialisée dans l'équipement de la maison à bas prix, a enregistré, lors de son exercice 2017-2018 clos au 30 septembre dernier, "un chiffre d'affaires de 1,4 milliard d'euros, en croissance de 4,9%". D'où la nécessité de "nous adapter pour repenser l'organisation globale du réseau dans une approche responsable vis-à-vis de nos équipes pour maintenir nos performances et nos emplois", a souligné M. Ginestet.
Gifi rapporte plus
En 2019, "nous avons déjà passé 25 magasins Tati à l'enseigne Gifi et nous avons vu la différence en terme de chiffre d'affaires", a également affirmé le dirigeant. Pour donner un exemple, un Tati dégage environ 1000 euros de chiffre d'affaires au mètre carré quand Gifi en fait 1700, a-t-il précisé. Au total, 49 magasins seront concernés par cette évolution en 2019 et 2020.
Pour le dirigeant, "l'enseigne Tati a beaucoup souffert ces quinze dernières années", à tel point qu'on se demandait si elle existait encore. Or, aujourd'hui, "quand on évoque Tati, on parle toujours du magasin de Barbès, donc celui-là il faut le garder", pour les "fans de la marque", a estimé Philippe Ginestet.
Dans un communiqué, le groupe a par ailleurs fait savoir qu'un "collectif de managers" s'était constitué pour bâtir un "projet de redéploiement de 30 magasins choisis au sein du réseau Tati" - qui seront cédés "pour un euro symbolique", a précisé M. Ginestet - et faire évoluer l'offre, "avec une gamme renforcée par des produits de marque, en y intégrant davantage de déstockage", créant ainsi une nouvelle enseigne dont le nom sera communiqué ultérieurement.