La maire (PS) de Lille, Martine Aubry, a déclaré mercredi en avoir "ras-le-bol" des déclarations d'Emmanuel Macron, cinq jours après les propos polémiques du ministre de l'Economie sur le statut des fonctionnaires.
La maire (PS) de Lille, Martine Aubry, s'est livrée mercredi à une violente charge contre le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, dont elle a "ras-le-bol", accusant à demi-mot Manuel Valls et son gouvernement de ne "pas appliquer" ce qu'ils ont signé comme socialistes pour infléchir la politique économique.Lors de sa conférence de presse de rentrée, l'ex-numéro deux du gouvernement Jospin a aussi été féroce avec Marine Le Pen (FN) et Xavier Bertrand (Les Républicains), tous deux candidats aux régionales en Nord-Pas-de-Calais/Picardie.
Interrogée sur les récentes déclarations de M. Macron, qui avait jugé "pas justifiable" le statut d'emploi à vie des fonctionnaires, Mme Aubry a répondu en avoir "ras-le-bol" de ce ministre. "Macron... Comment vous dire ? Ras-le-bol! ras-le-bol, voilà! Il faut qu'il mette toute son énergie, et sans doute tous ses talents, à accélérer la croissance et l'emploi. Je supporte de moins en moins à la fois l'arrogance - notamment sur les fonctionnaires, pour un ancien fonctionnaire certes devenu banquier d'affaires (...) - ,et une ignorance de ce que vivent les gens aujourd'hui, et il y a un moment où ce n'est plus supportable. Qu'il s'occupe de son ministère, ce serait déjà très bien!", s'est emportée l'ex-première secrétaire du¨PS.
Epargnant le président François Hollande dont elle souhaite "la réussite" de son quinquennat, Mme Aubry s'est aussi élevée contre les projets du gouvernement de "modifier le Code du travail, pour accroître la précarité", ce qui relève selon elle d'"une espèce d'idéologie du passé", qui n'est "pas la modernité". "Comment voulez-vous que les gens ne soient pas inquiets ?". Sans nommer Manuel Valls ou les autres membres du gouvernement, Martine Aubry leur a reproché de ne "pas appliquer" le texte d'orientation du congrès PS de juin à Poitiers prônant une inflexion de la politique économique, dont elle est aussi signataire. "Si ceux qui ont signé ne respectent pas ce qu'ils ont signé, il faut leur poser la question" de savoir pourquoi ils agissent ainsi, a-t-elle dit.
Elle a toutefois décerné quelques bons points au gouvernement qui, "quand il a voulu améliorer la compétitivité des entreprises (...), a réussi à rétablir les marges" des entreprises. "Mais toutes disent: il y a un problème de demande, on
n'a plus de marché" et l'effort du gouvernement en ce sens est "encore insuffisant", a-t-elle jugé. "Moody's vient de déclasser la France" en abaissant sa note, mais "il n'y a pas que les frondeurs qui disent ça", "les râleurs, comme dirait le président du groupe socialiste" des députés Bruno Le Roux, aussi, a taclé la maire de Lille, qui a souvent associé dans ses critiques "M. Macron et M. Sapin (ministre des Finances et des Comptes publics)".
Elle a critiqué aussi le défaut de contreparties aux aides aux entreprises du Pacte de compétitivité et d'emploi. "Sans contrepartie, il n'y a pas de pacte", a-t-elle lancé. Appuyant sans réserve le candidat PS aux régionales Pierre de Saintignon, Mme Aubry a encore affirmé, omettant le plus souvent son prénom, que "Le Pen ne sert à rien", et estimé que Xavier Bertrand, "n'a laissé de trace nulle part".