Maubeuge, Arras, Loos... Pourquoi ces maires restreignent la vente de protoxyde d'azote, "la drogue du pauvre"

La consommation de protoxyde d'azote (gaz hilarant), notamment chez les adolescents, inquiète les maires du Nord et du Pas-de-Calais. Des dizaines d'entre eux ont pris des arrêtés pour en interdire la vente aux mineurs. Ils appellent à en faire un "véritable enjeu de santé publique".

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Les petites capsules argentées, normalement utilisées en cuisine pour faire de la chantilly, n'ont jamais autant fait parler d'elles. Détournées de leur usage initial pour leurs propriétés excitantes et euphorisantes, elles jonchent les rues de nombreuses villes du Nord et du Pas-de-Calais depuis près d'un an. Les consommateurs de protoxyde d'azote, souvent des adolescents, se les procurent en supermarché ou sur Internet et l'inhalent grâce à un siphon. Les élus locaux s'alarment face à ce phénomène qui prend de l'ampleur.

Ils sont de plus en plus nombreux à en interdire la venter aux mineurs, dénonçant un vide juridique. Dernier cas en date à Maubeuge où le maire a pris un arrêté municipal ce mercredi 28 août : "J'ai bien conscience que cette interdiction sera vite contournée dans la mesure ou il sera possible de s’approvisionner dans une autre commune ou sur les sites de commerce en ligne, reconnaît Arnaud Decagny. Mais, ne rien faire, c'est accepter !".
 

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Pris de façon chronique et à forte dose peut entraîner des "effets neurotoxiques", allant de fourmillements à des troubles de la mémoire voire au décès, selon Rammy Azzouz, médecin au centre antipoison du CHU de Lille.

"Je suis inquiet de la hausse de consommation détournée des capsules de protoxyde d'azote, s'alarme le maire d'Arras Frédéric Leturque sur Twitter, annonçant la publication d'un arrêté municipal. Il est plus qu’urgent d’alerter l’opinion, les parents et les pouvoirs publics sur les risques évidents sur sur la santé de nos jeunes." En plus d'interdire la vente de ces capsules aux mineurs, le texte encadre la consommation de ce produit euphorisant en le bannissant de certains espaces publics.

 

Un "enjeu de santé publique"


Inquiet, Frédéric Cuvillier a adressé un courrier aux ministres Christophe Castaner, Agnès Buzyn et Jean-Michel Blanquer. "Pour ne pas créer un marché noir, j'ai préféré ne pas l'interdire dans ma commune. Le ministère a les moyens de demander aux producteurs de modifier la composition ou d'interdire leur vente", écrit-il dans cette lettre consultée par Le Parisien, demandant aux membres du gouvernement de légiférer à l'échelle nationale.
 
L'édile voudrait faire du protoxyde d'azote un "véritable enjeu de santé public", alors que quatre décès liés à la consommation de ce gaz hilarant ont été recensés à l’étranger et deux cas suspects relevés en France. "C'est la nouvelle drogue des adolescents, craint Dominique Baert, maire DVG de Wattrelos, le premiers élu du Nord à prendre un arrêté pour en limiter l'usageElles sont faciles à se procurer et deviennent peu ou prou une drogue du pauvre.".
 
 

Vide juridique


Hormis l'aspect sanitaires, les élus locaux s'exaspèrent aussi des incivilités engendrées par la consommation de ces capsules. Une fois vides, beaucoup de consommateurs s'en débarrassent dans la rue. A Loos, le maire a estimé que ces déchets présentaient "un caractère accidentogène pouvant notamment entraîner des risques de chutes, de fractures et de traumatismes, en particulier pour les personnes âgées". Par arrêté municipal, il a donc interdit le dépôt de ces capsules sur la voie publique sous peine de poursuites judiciaires.
 
Malgré les risques sanitaires, le protoxyde d'azote n'est pas considéré comme un produit stupéfiant. Des députés et sénateurs ont déposé deux propositions de loi en ce sens, dont le député nordiste Ugo Bernalicis (LFI) l'hiver dernier. Aucune mesure concrète n'a encore été prise.

 
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