Dans une rare unanimité, l'Assemblée nationale a apporté son soutien mardi au gouvernement pour qu'il obtienne l'interdiction définitive de la pêche électrique dans l'Union européenne.
La proposition de résolution portée par les groupes LREM et MoDem appelant "les autorités françaises" à "s'oppose(r) à l'autorisation de cette technique, sous toutes ses formes", a été adoptée par 162 voix, sous les applaudissements. Le texte n'a pas force de loi. Son auteur, Joachim Son-Forget (LREM), a dénoncé dans la pêche électrique "une pratique hors d'âge et dangereuse" qui "décrédibilise l'Union européenne sur la scène internationale", et a fait état d'un "lobbying intense" à l'encontre de sa démarche.
La pêche électrique, interdite notamment en Chine, au Brésil et aux États-Unis, consiste à envoyer depuis un chalut des impulsions électriques dans le sédiment pour y capturer des poissons vivant au fond des mers. Elle est interdite par le droit européen depuis 1998 mais des dérogations existent depuis 2007 à titre expérimental dans la partie sud de la Mer du Nord.
Vote unanime en faveur de la proposition de résolution contre la #PêcheElectrique #Europe #Peche @StTRAVERT @AssembleeNat@ClaireNouvian @LaREM_AN @christophe_p @erwanbalanant @sonjoachim pic.twitter.com/81LlNBevFm
— Jean-Pierre PONT (@JeanPierrePont) 6 mars 2018
Compromis à trouver
Mi-janvier, le Parlement européen s'est prononcé pour l'interdiction de la pêche électrique dans l'UE, s'opposant à la Commission qui veut autoriser cette pratique à une plus large échelle en mer du Nord. Cela n'est qu'une étape sur le long parcours législatif du texte, le Parlement devant négocier avec le Conseil (les États membres) et la Commission pour trouver un compromis final.La France a déjà apporté son soutien à une interdiction totale. "Je ne vous cache pas que la bataille sera difficile car si le mandat du Parlement européen est particulièrement clair, les positions au sein du Conseil sont plus diverses, et nous avons aujourd'hui peu d'alliés. Il va falloir aller les chercher", a déclaré le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, dans l'hémicycle du Palais Bourbon.
Fin janvier, des pêcheurs avaient bloqué les ports de Calais et de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) pour protester contre la pêche électrique pratiquée par des navires néerlandais et réclamer des aides financières d'urgence. "Le gouvernement va-t-il accorder des exonérations de charges ?", a demandé Pierre-Henri Dumont, député LR du Pas-de-Calais.
Du FN à la gauche de la gauche, tous les orateurs ont appuyé la résolution de l'Assemblée sur un "sujet vital" (Modem) et envoyant un "message fort" (UAI). La pêche électrique est "à l'origine d'un double massacre : de la ressource halieutique et de la pêche artisanale", a aussi lancé le communiste Sébastien Jumel (Seine-Maritime), plaidant "l'urgence".
Le socialiste Dominique Potier a toutefois taclé "l'affichage partisan" de la résolution, "pratique du vieux monde".