Migrants : après la réunion internationale à Calais, associations et politiques fustigent une "opération de communication" et affichent leur "pessimisme"

Alors que les ministres européens réunis à Calais dimanche ont décidé d'intensifier la lutte contre les passeurs et de déployer un avion Frontex pour surveiller les traversées de la Manche, les élus et les associatifs regrettent un statu quo.

Devant son pupitre et une masse de journalistes, Gérald Darmanin a conclu la réunion internationale sur la crise migratoire, dimanche 28 novembre à Calais, par une longue déclaration. Le ministre de l'Intérieur a fait quelques (petites) annonces, et beaucoup parlé des grands absents du jour, le Royaume-Uni, quelques jours après le naufrage de 27 migrants dans la Manche.

"Nous voulons travailler avec nos amis britanniques", a expliqué Gérald Darmanin, qui a également appelé lundi le Royaume-Uni à ouvrir un "accès légal à l'immigration" et à prendre "ses responsabilités". Une décision est sortie de la réunion : le déploiement "jour et nuit" d'un avion de l'agence Frontex pour détecter et intercepter les tentatives de traversées en bateau sur la Manche.

Plus tard dans la soirée, le ministre de l'Intérieur a finalement annoncé le doublement des effectifs de police et de gendarmerie affectés à la lutte contre l'immigration clandestine. L'OCRIEST, rebaptisé "office de lutte contre les passeurs", accueillera désormais également des magistrats et des fonctionnaires du ministère des Finances. Des antennes régionales dans sept zones sensbiles seront créées en 2022 pour démanteler les réseaux transmanche, mais aussi ceux qui prospèrent à la frontière italienne.

Ce mardi 30 novembre, Gérald Darmanin a également indiqué que l'Etat financerait les obsèque des 27 personnes mortes en mer, mais ne prendrait pas en charge le rapatriement des corps pour les familles qui le demanderaient, laissant cette charge aux "pays d'origine" des exilés décédés. 

"Incapacité à anticiper"

Le reste tient dans un communiqué, entre le renforcement de la lutte contre les passeurs et la volonté de coopération entre les pays européens. "C'est une vaste opération de communication", a regretté le député Les Républicains du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont, qui déplore l'absence de "solution concrète pour améliorer le sort des migrants et des habitants du Calaisis".

Sur franceinfo, Xavier Bertrand parle d'une "incapacité à anticiper" de la part des dirigeants européens. Le déploiement de Frontex ? "On le demandait en mai." 

Le président des Hauts-de-France et candidat à l'élection présidentielle a également fustigé l'attitude "scandaleuse" et "hypocrite" du Royaume-Uni et propose de "laisser" les migrants "prendre le ferry" en direction de la Grande-Bretagne et d'installer un "rapport de force" avec Boris Johnson.

"Il y a eu presque 30 morts et ils ne parlent que des passeurs. C'est scandaleux, tragique."

Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam Calais Migrants

Pour Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam Calais Migrants, les ministres réunis à Calais n'ont "rien compris". "Il y a eu presque 30 morts et ils ne parlent que des passeurs. C'est scandaleux, tragique. Leur seule réponse, c'est le déploiement d'un avion alors qu'il y a déjà des hélicoptères qui tournent [au-dessus de la Manche]. Quand on ne veut pas réussir, on continue de fonctionner comme depuis 20 ans."

"Ils annoncent deployer Frontex, une milice armée financée par l’UE et mise en cause pour crime contre l’humanité en Méditerranée, a de son côté réagi Utopia59 sur Twitter. Un nouveau dispositif de violences, sans jamais parler d’asile, d’hébergement et de voies légales et sûres, seules solutions à l’indignité de Calais."

"Accueillir mieux"

Même s'il salue la décision d'intensifier la lutte contre les passeurs, François Guennoc, président de l’auberge des migrants, pense que ça ne "résoudra pas le problème". "Tant que le Royaume-Uni ne propose pas de voie légale, les exilés feront appel aux passeurs." Et d'ajouter : "Je suis persuadé que nos dirigeants savent que ce trafic ne s'arrêtera pas."

François Guennoc, qui se dit "très pessimiste sur la capacité du gouvernement à changer sa politique", estime que la seule solution est "d'accueillir mieux". Natacha Bouchart, la maire de Calais, propose elle de son côté la création de lieux d'accueil partout en France et en Europe. Et souhaite une nouvelle réunion dans six mois.

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