Chez les migrants à Calais, Yann Moix décrit une situation "terrible à voir et terrible à vivre"

L'écrivain et réalisateur s'est confié sur son expérience de tournage à Calais, entre la "déconnade" avec les migrants et la crainte des passeurs.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité
"Pour comprendre exactement" la situation des migrants à Calais, "il fallait se rendre sur place", a déclaré l'écrivain Yann Moix à nos confrères de l'AFP, après y avoir séjourné "très régulièrement" pendant plusieurs mois dont il rapporte "Re-Calais", un film au ton décalé, programmé samedi sur Arte.

C'est quelque chose qui s'éprouve, c'est terrible à voir et terrible à vivre


"J'ai décidé d'essayer de comprendre exactement ce qui se passait", explique-t-il, "c'est quelque chose qui s'éprouve, c'est terrible à voir et terrible à vivre". Il se rendait à Calais "dès que possible", y restait "plusieurs jours de suite", à l'exception du jeudi, pour cause d'émission "On n'est pas couché" sur France 2 qu'il quitte la saison prochaine.


Entre septembre et avril, l'auteur a tourné plus de 120 heures d'images et recueilli des "témoignages à la pelle". Il prépare une version longue destinée au cinéma. Entre 300 et 600 migrants, selon les sources, vivent à Calais et aux alentours dans l'espoir de gagner la Grande-Bretagne.


Le danger des passeurs


Au milieu des migrants, il y a des passeurs, censés faciliter leur traversée. "Eux, ils ne veulent surtout pas être identifiés, c'est comme si vous vouliez filmer des dealers", raconte l'écrivain, "nous n'étions pas les bienvenus". Ils règnent sur le terrain, même la police les redoute.

Selon lui, "ce trafic humain rapporte des dizaines de milliers d'euros par jour" à un système mafieux "ultra-sophistiqué, ultra-hiérarchisé" dont les "big boss", sont des chefs de communauté, établis à Paris et sa banlieue.


Les exilés, le plus souvent diplômés, en mathématiques ou en chimie, n'ont "pas de patrie, pas de papiers, ils ne sont pas armés", précise-t-il, piégés entre les passeurs et les gaz lacrymogènes des forces de l'ordre. Ses images témoignent de ce "jeu du chat et de la souris".

80% des CRS sont tout à fait loyaux, calmes et humains mais 20% sont des brutes épaisses


L'écrivain aurait souhaité "dormir avec eux" afin de "filmer la police quand elle vient démanteler" mais c'était courir "le risque de prendre un coup de couteau par un passeur". Couchés à même le sol, les nuits "sont interrompues toutes les deux heures, c'est un enfer". 

Il n'y a pas de familles à Calais, c'est trop violent


Un policier lui a confié que "80% des CRS sont tout à fait loyaux, calmes et humains mais 20% sont des brutes épaisses qui gazent et frappent à tout-va".

"Il n'y a pas de familles à Calais, c'est trop violent, même un homme de plus de 35 ans n'y résiste pas", poursuit-il, "ceux qui se maintiennent à Calais sont des gamins de 20-25 ans".

Un besoin de "déconnade"


Yann Moix, qui publie mercredi "Dehors", longue lettre ouverte à Emmanuel Macron pour l'inciter à revoir sa politique à l'égard des migrants, joue parfois la carte de l'humour dans le documentaire dont le ton décalé peut surprendre.


"La déconnade est une chose dont les exilés ont énormément besoin et qu'on ne leur apporte jamais", fait-il valoir, "même dans la détresse tout continue".

Il a "la prétention" d'affirmer s'être "bien entendu avec la plupart des exilés croisés". En revanche, il admet "humblement" avoir versé une "micro contribution à cette histoire-là". Il compte se "désengager tranquillement" et "bien sûr, un claquement de doigts ne suffira pas pour m'en désintéresser, mais ma contribution intellectuelle ou artistique ou éditoriale s'arrête-là".

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information