Migrants : le gouvernement refuse de rouvrir des structures à Calais

Pas question de rouvrir des structures pour migrants à Calais : trois mois après le démantèlement de la "Jungle", le message du gouvernement est clair, au grand dam des associations qui dénoncent un "déni de réalité".

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Pour la première fois depuis l'évacuation du bidonville, les ministres de l'Intérieur et du Logement, Bruno Le Roux et Emmanuelle Cosse, ont réuni lundi les acteurs de terrain pour "tirer un premier bilan" de la situation à Calais. Cette table ronde était très attendue par les associations qui alertent depuis
début janvier sur un retour des migrants et gardent en tête la promesse de créer "des dispositifs de prise en charge des migrants qui reviendraient à Calais", prononcée début novembre par Bernard Cazeneuve.

Sur ce point, les ministres ont "confirmé la fermeture de tout dispositif sur la lande de Calais" afin "de ne pas en faire un point de fixation". Il s'agit d'"éviter la reconstitution de campements d'infortune à Calais et ses environs", selon eux. Du côté des associations, où l'on rappelle que la situation géographique de Calais sera toujours attractive, on ne cache pas sa déception. "On ne demandait pas la recréation d'un vaste campement mais juste un dispositif
humanitaire minimal
", déplore Florent Guéguen de la Fnars, selon qui "il y a 500 personnes environ sur place et les seules interventions des pouvoirs publics sont celles de la police".

"Refus de principe"

"C'est un refus de principe" qui "nie la réalité de ce qui se passe sur le terrain", affirme Frédéric Amiel d'Emmaüs France. "On est très déçus. On va essayer de trouver des solutions pour accueillir et héberger les gens", assure Yannick Le Bihan de Médecins du Monde, qui a repris ses maraudes lundi à Calais. A l'issue de cette réunion, les associations vont enfin avoir copie d'un rapport confié à deux médiateurs, Jean Aribaud et Jérôme Vignon, dont les premières recommandations en 2015 avaient largement inspiré l'action publique sur la "Lande".

Ce nouvel opus, rendu fin octobre, souligne d'une part qu'"avec le démantèlement, une page est tournée" et que "la fermeture des installations doit y être définitive". Mais "une localisation trop éloignée" des structures d'accueil "ne supprimerait pas l'attractivité de Calais", note-t-il. Aussi le rapport plaide-t-il pour la mise en place de "trois centres d'accueil d'urgence en proximité immédiate du centre de Calais" (hommes, publics vulnérables et mineurs) "facilement desservis par des bus". L'idée étant d'orienter ensuite les migrants vers un "centre de transit régional" servant de sas vers les centres d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada). Il vante aussi l'expérience menée à Paris avec le "centre de pré-accueil" initié par Anne Hidalgo, qui "pourrait inspirer des réalisations ailleurs en France".

"Risque politique"

Au chapitre de l'hébergement, les ministres ont confirmé l'ouverture prochaine d'un "centre d'accueil pour mineurs non accompagnés" et annoncé un nouveau centre d'accueil et d'orientation (CAO) dans le Pas-de-Calais. Des places en Cada devraient également être créées (à hauteur de 350) dans les
Hauts-de-France. Là non plus, le compte n'y est pas pour les associations. "Ce sera de 80 à 100 km de Calais, ce qui est beaucoup trop loin. Les gens reviendront sur Calais", estime M. Amiel.

Autre sujet abordé, l'avenir des CAO, souvent installés dans des structures provisoires. "Les CAO restent le pilier de la politique d'accueil", assure-t-on du côté du Logement. Les associations auraient aimé en savoir plus. "On est dans le flou le plus total", déplore M. Guéguen, qui alerte sur "le risque politique en cas d'alternance" lors des élections.

De son côté, le rapport Aribaud-Vignon appelle à "accroître l'attractivité des CAO" en les intégrant dans le dispositif national d'asile, avec un "objectif annuel de 60.000 places". Enfin sur la question "particulièrement délicate" de Dublin (texte prévoyant le renvoi d'un migrant vers le pays européen où il est enregistré), le rapport plaide pour une possibilité de dérogation "au cas par cas", "à l'appréciation des préfets", et dans un volume "encadré au niveau national".

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