Tant dans les Balkans par où transitent les migrants que dans les pays où ils souhaitent s'installer, les mesures restrictives et dissuasives contre les réfugiés se sont multipliées en Europe depuis le début de l'année.
Plus d'un million de migrants sont entrés en Europe en 2015, provoquant la plus grande crise migratoire depuis la Seconde guerre mondiale. Depuis début janvier, plus de 110.000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe en traversant la Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrants (OIM).
Durcissement dans les Balkans
La MACEDOINE bloque depuis le 21 février le passage aux Afghans en route pour le nord de l'Europe, et exige des Syriens et Irakiens qu'ils disposent de papiers d'identité en plus du laissez-passer délivré dans les centres d'enregistrement grecs. Selon Athènes, ce durcissement des contrôles résulte d'une décision commune prise le 18 février à Zagreb par les polices des pays de la route des Balkans (Macédoine, Serbie, Croatie, Slovénie et Autriche).La SLOVENIE a commencé le 15 février à renforcer le filtrage des migrants à sa frontière en refusant l'entrée à ceux "qui ne sont pas menacés" ou sont "en provenance d'un pays sûr". Les autorités ont demandé au Parlement d'autoriser le déploiement de soldats à ses frontières.
La CROATIE, qui a mis en place en novembre un premier filtrage des migrants en n'accueillant que ceux fuyant des pays en guerre, a décidé le 20 janvier de ne laisser passer désormais que les personnes demandant l'asile en Allemagne ou en Autriche.
La TURQUIE, devenue l'un des principaux points de départ des migrants qui veulent s'installer dans l'UE, a resserré début février les conditions d'entrée sur son territoire des ressortissants irakiens. Désormais, seuls les détenteurs d'un visa ou d'un permis de séjour émis par un pays de l'espace Schengen, les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou l'Irlande pourront bénéficier d'une procédure d'entrée simplifiée. Tous les autres devront faire une demande de visa en bonne et due forme.
Et dans les pays d'asile
En ALLEMAGNE, qui a accueilli 1,1 million de candidats à l'asile en 2015, le Bundestag a voté ce jeudi une limitation du rapprochement familial. Les migrants qui bénéficieront de la "protection subsidiaire" (cran en dessous du statut de réfugiés) devront attendre deux ans avant de faire venir leur famille. Berlin a aussi verrouillé le droit d'asile pour les Marocains, les Algériens et les Tunisiens, dont les pays sont classés "sûrs". Depuis le 1er janvier, l'Allemagne a réintroduit l'examen individuel des demandes, y compris pour les Syriens qui bénéficiaient jusqu'à présent d'un droit d'asile quasi-automatique.
La BELGIQUE, le 23 février, a rétabli provisoirement les contrôles à sa frontière avec la France pour faire face à un éventuel afflux de migrants en provenance de la "Jungle" de Calais, vaste camp situé dans le nord de la France et qui doit être en partie démantelé.
L'AUTRICHE a instauré le 19 février un strict quota journalier d'immigration, n'autorisant plus que 80 demandeurs d'asile par jour, et 3.200 en transit. Le pays a limité à 37.500 les demandes d'asile pour l'année 2016, après avoir enregistré 90.000 demandes l'an passé.
Vienne a décidé de placer six pays (Algérie, Maroc, Tunisie, Géorgie, Ghana et Mongolie), sur sa liste des "pays sûrs", durcissant ainsi les conditions d'asile pour leurs ressortissants.
Au DANEMARK, une loi controversée permettant à la police de saisir les biens de valeur des migrants pour financer leur séjour est entrée en vigueur le 5 février. Elle prévoit d'autres mesures de restriction comme un délai d'attente de trois ans avant toute demande de regroupement familial.
La SUEDE a annoncé fin janvier que près d'un demandeur d'asile sur deux seraient déboutés et expulsés, soit 80.000.
La FINLANDE entend également expulser 20.000 des 32.000 demandeurs d'asile arrivés dans le pays en 2015, correspondant au taux habituel de rejet (soit 65%).
Ces mesures prises en Europe depuis le début de l'année s'ajoutent à celles déjà décidées dans les derniers mois de 2015 : six des 26 Etats membres de Schengen (Allemagne, Autriche, Suède, Danemark, Norvège et France) avaient déjà rétabli des contrôles provisoires aux frontières, sans les fermer pour autant.