Migrants : opération escargot et manif sur l'A16 pour exiger le démantèlement de la "Jungle" de Calais

©Jean-Louis Manand/Benoît Bugnicourt/Emmanuel

Les commerçants et acteurs économiques de Calais mènent ce lundi une double-opération escargot sur l'A16 et veulent former une chaîne humaine pour faire pression sur le gouvernement afin d'obtenir un démantèlement au plus tôt de la "Jungle", accusée de fragiliser l'économie de la région.

Dès 6h30 ce lundi matin, une bonne dizaine de camions se sont donnés rendez-vous dans la zone fret de Craywick près de Loon-Plage. Leur objectif de la journée : rejoindre en opération escargot Calais et bloquer l'A16, pour "une durée indéterminée", disent-ils. Un 2ème cortège est parti au même moment d'Outreau. En tout, on compte environ une centaine de véhicules.

Sous une fine pluie, les deux imposants convois, encadrés par des forces de l'ordre, roulaient à faible allure et recevaient régulièrement, à coups de klaxon, le soutien d'automobilistes et routiers roulant dans le sens inverse.

Voici quelques images de cette opération escargot, filmées ce lundi matin sur l'A16 après Loon-Plage et à Outreau.

Sur l'A16, le cortège parti de Loon-Plage a été rejoint vers 9h30 par agriculteurs en tracteur à Saint-Folquin.

"Cette manifestation, c'est pour crier le mécontentement, plus que le mécontentement, vraiment le ras-le-bol de la profession, des transporteurs routiers" face aux "actes d'incivilité dont nous sommes victimes au quotidien. Aujourd'hui ce que l'on réclame c'est d'avoir des mesures d'urgence pour que l'on puisse rouler en toute sécurité sur l'autoroute A16 et sur la rocade portuaire", a déclaré David Sagnard, président de la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) Nord-Pas-de-Calais.

Parallèlement, plusieurs centaines de personnes, essentiellement des commerçants de Calais ou des employés du port, vêtus de gilets jaune de sécurité, ont commencé à former une chaîne humaine, qui en fait, ressemblait à un manifestation classique. Conduits par Natacha Bouchard, la maire (Les Républicains) de la ville, qui brandissait un tee-shirt "J'aime Calais", les manifestants approchaient vers 9H30 de la rocade portuaire. "Calaisiens enfermés, migrants libres !" ou "Le gouvernement doit déclarer le Calaisis en état de catastrophe économique", peut-on lire sur des banderoles confectionnées par la Fédération du commerce du Calaisis.

Frédéric Van Gansbeke, porte-parole du collectif des entreprises et commerces du Calaisis, espère "marquer le coup" avec cette opération, une première depuis le début de la crise migratoire dans la région. "La date du démantèlement n'a pas été donnée par M. Cazeneuve, peut-être pour ne pas créer d'affolement dans le camp, ce que je peux comprendre. Mais on proteste car on est loin de la satisfaction des revendications, "notamment l'aide aux entreprises - on n'a ni montant ni date -, la création de la grande zone franche, ou la mise en secteur difficile du Calaisis. On n'a pas de réponses, donc on bloque", a-t-il ajouté. "Ce blocus peut durer longtemps ! Il nous faut des réponses concrètes", a répété M. Sagnard. 

"Salaire de la peur"

"C'est le salaire de la peur. On se pose chaque matin la question de savoir si notre journée de travail ne va pas être gâchée, si un migrant ne va pas éventrer la bâche du camion. Et si la marchandise est endommagée, c'est retour direct à la case départ", a encore témoigné lundi matin au départ de Loon-Plage Nicolas Lotin, directeur d'une agence de transport à Boulogne-sur-Mer.

Malgré les promesses de Cazeneuve

En dépit de la visite du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve vendredi à Calais et de l'annonce du démantèlement prévu du plus grand bidonville de France, cette opération coup de poing, la première de ce type organisée depuis le début de la crise migratoire, a bien été maintenue. Vendredi, Bernard Cazeneuve avait annoncé la "fermeture la plus rapide possible" du camp de la Lande (le nom officiel de la "Jungle"), où vivent entre 6900 migrants d'après la préfecture et plus de 9000 selon les associations, sans donner de calendrier.

"Vous aimez votre ville, votre port. Vous désirez que la situation change à Calais. Malgré les annonces faites par le ministre de l'Intérieur, la sécurisation n'est pas assurée. L'urgence n'est pas traitée, nous maintenons la manifestation", a indiqué le Grand rassemblement du Calaisis sur sa page Facebook, qui se présente comme un mouvement "citoyen et apolitique".

Vous aimez votre ville , votre port. Nous désirez que la situation change à Calais. Malgré les annonces faites par le...

Publié par Grand Rassemblement du Calaisis sur vendredi 2 septembre 2016
"Certes, M. Cazeneuve a annoncé le démantèlement, mais on a besoin d'une sécurisation immédiate. Si le démantèlement a lieu dans trois mois, il va y avoir pendant trois mois de nouvelles agressions de transporteurs ou des violences sur les particuliers. Il faut traiter au plus rapide", a déclaré David Sagnard, président de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) du Pas-de-Calais.
Les conseils de la préfecture du Pas-de-Calais
En prévision de ces perturbations, la Préfecture du Pas-de-Calais invite les usagers de la route à ne pas emprunter l'autoroute A16 entre Boulogne et Dunkerque au cours de la journée, et de ne circuler que sur les réseaux national, départemental et communal. Elle recommande "d'éviter les déplacements non nécessaires vers le Calaisis" au cours de la journée.

Ce qui est mis en place pour éviter le blocage :
  • déviation de l'A16 vers le réseau départemental, à hauteur des échangeurs 36 et 50.
  • pour les usagers de l'A16 ne s'arrêtant pas dans le Calaisis, il est recommandé de contourner la zone en sortant aux échangeurs 31 (Boulogne) et 53 (Loon Plage), pour emprunter la N42 et la D300.
  • des zones de stockage des poids lourds seront mises en places sur l'A16, l'A26 et l'A25 en amont de Calais, et activées en fonction de l'évolution de la situation.
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