Muriel Pénicaud, qui a obtenu mercredi le portefeuille du Travail, est une spécialiste des ressources humaines, qui allie une bonne connaissance de ce ministère, où elle a conseillé Martine Aubry au début des années 1990, à une longue expérience dans le privé.
A 62 ans, cette blonde aux cheveux bouclés et ébouriffés qui était depuis 2014 directrice générale de Business France, l'agence publique de promotion de la France auprès des investisseurs étrangers, est la quatrième femme à devenir ministre du Travail. La ministre sortante, Myriam El Khomri, a salué sur Twitter une "femme de conviction engagée en faveur du dialogue social". Elle qui, enfant, voulait être chef d'orchestre, aura à mettre en musique la réforme du marché du travail et devra puiser dans son sens de la diplomatie pour négocier avec les partenaires sociaux, alors qu'Emmanuel Macron veut procéder par ordonnance pour avancer rapidement.
A la rue de Grenelle, Muriel Pénicaud retrouvera ses premières amours, après un long intermède dans le monde de l'entreprise. Diplômée d'Histoire et de sciences de l'éducation à l'université de Nanterre, puis de psychologie clinique à Strasbourg, elle a débuté sa carrière à 21 ans dans les collectivités territoriales, dans ce qui deviendra plus tard le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Elle a ensuite évolué dans diverses structures territoriales en Lorraine - elle fut notamment directrice de la Mission locale pour l'insertion des jeunes de Metz - et en Normandie, avant d'être repérée par le ministère du Travail dans les années 1980. Là, elle gravira les échelons jusqu'à devenir conseillère pour la formation de Martine Aubry, lorsque l'actuelle maire socialiste de Lille occupait ce ministère entre 1991 et 1993. Cette femme énergique, passionnée de photographie, bifurque alors vers le privé, tout d'abord au sein du groupe Danone où elle oeuvre pendant près de dix ans comme directrice de la formation et des ressources humaines, puis chez Dassault Systèmes jusqu'en 2008.
L'expérience du privé
Elle fait ensuite un grand retour chez le géant agroalimentaire, cette fois-ci comme directrice générale des ressources humaines. Elle y développe notamment un système de couverture sociale pour les 100 000 salariés du groupe à travers le monde, Dan'Cares. Parallèlement, elle maintient ses attaches avec le monde politique. Elle est notamment membre entre 2008 et 2014 du Haut conseil pour le dialogue social, et est chargée fin 2009 par François Fillon, alors Premier ministre, d'une mission sur le stress au travail.En 2014, François Hollande lui confie la tâche d'orchestrer la fusion entre Ubifrance, en charge du soutien à l'export, et l'Agence française pour les investissements internationaux (AFII), pour renforcer l'attractivité du territoire. Une mission dont elle s'acquitte avec passion, malgré des crédits qui se réduisent au fil des ans comme peau de chagrin: à la tête de Business France, elle s'appuie sur son expérience du privé pour convaincre les investisseurs internationaux des atouts de l'Hexagone. Cette mère de deux enfants, présente aux conseils d'administration de plusieurs entreprises, est aussi très attachée à la promotion des femmes et a notamment cofondé le programme Eve, pour le développement du leadership des femmes.