Les députés vont demander la création d'une commission d'enquête parlementaire dans le complexe dossier de la compagnie maritime MyFerryLink afin de "lever les importantes zones d'ombre".
"Je vous confirme que le président de la commission développement durable a demandé la création dans les meilleurs délais d'une commission d'enquête parlementaire", a déclaré à l'AFP Yann Capet, député socialiste de Calais, confirmant une information de La Voix du Nord. "Il a raison de le faire, car il y a des zones d'ombres importantes", a-t-il ajouté.
Les commissions d'enquête, composées de trente membres au plus, peuvent procéder à des auditions et leur rapporteur est habilité à effectuer des missions sur pièces et sur place. À l'issue de leurs travaux, dont la durée ne peut pas excéder six mois, elles établissent un rapport destiné à être publié.
Jeudi, le président directeur général d'Eurotunnel Jacques Gounon, qui a décidé de vendre les deux principaux bateaux de la flotte MyFerryLink au concurrent DFDS au grand dam des marins de la Scop SeaFrance qui les exploitaient, a été auditionné devant la commission du développement durable de l'Assemblée nationale.
"Faits troublants"
Le patron d'Eurotunnel avait dénoncé avec virulence le "protectionnisme britannique" qui a selon lui provoqué la crise sociale actuelle de MyFerryLink.Le député du Touquet, Daniel Fasquelle (Les Républicains), également présent lors de l'audition, a fait part à l'AFP de "son incompréhension" face à la décision du groupe franco-britannique de se séparer des navires. "On a besoin de comprendre un comportement qui n'est pas rationnel d'un point
de vue économique et qui n'est pas cohérent par rapport au choix initial", a dit M. Fasquelle, soulignant "que MyFerryLink avait dépassé ses objectifs avec 12% de marché dans le transport de camions", "avec la perspective d'être à l'équilibre en 2017".
Le député pointe aussi "des faits troublants" dans ce dossier, notamment le fait selon lui qu'un responsable de la CMA (autorité de la concurrence britannique, ndlr) est en même temps membre du board de Dubai Port "qui est propriétaire de P and O qui avait tout intérêt à ce que MyFerryLink disparaisse".
Vendredi, une assemblée générale du puissant syndicat maritime Nord, majoritaire au sein de la Scop SeaFrance, doit indiquer les suites à donner au mouvement social, après une semaine marquée par des rendez-vous entre les acteurs du dossiers et le ministère des Transports. La semaine dernière, le syndicat avait multiplié des actions coups de poing, bloquant le port de Calais et des milliers de camions, paralysant le trafic des navettes Eurotunnel et des trains Eurostar. Les marins en colère occupaient toujours vendredi les deux navires qu'Eurotunnel devait céder le 2 juillet à DFDS.