La ministre de l'Education nationale a présenté lundi dans un collège en zone prioritaire à Beuvrages, près de Valenciennes, les parcours d'excellence, proposant aux adolescents issus de milieux modestes qui le souhaitent du tutorat, un suivi individualisé jusqu'au bac et des visites culturelles.
L'égalité des chances, c'est le cheval de bataille de Najat Vallaud-Belkacem depuis qu'elle est ministre de l'Education Nationale. Ce lundi, elle était en visite au collège Paul Eluard de Beuvrages, près de Valenciennes (Nord), pour annoncer le lancement d'un nouveau dispositif dès la rentrée prochaine. "On constate qu'un certain nombre d'élèves, du fait de leurs conditions économiques, sociales, n'ont pas autant d'opportunités de réussite, notamment dans l'après-bac que les autres, parce qu'ils ne sont pas accompagnés par des parents qui sont en mesure de les informer, de les aider à décrypter les codes", a-t-elle déclaré. "On veut donc faire ce travail là". Au collège Paul Eluard, depuis 2 ans, des élèves de 3ème préparent un dossier autour de l'Europe qu'ils présentent à Sciences Po Lille, une heure par semaine. Une ouverture sur le monde, une porte qui s'ouvre.
Des "parcours d'excellence" viendront donc compléter les "Cordées de la réussite", créées en 2008 pour promouvoir l'égalité des chances des lycéens dans l'accès aux études supérieures, et qui visaient principalement les élèves boursiers. Pour les élèves de milieu modeste, "avancer dans le post-bac, c'est comme avancer sans lunettes adaptées", a expliqué Mme Vallaud-Belkacem lors de la table ronde afin de justifier l'initiative. Les filières d'excellence permettront "une mise à niveau des élèves pour qu'ils puissent choisir de façon éclairée", a-t-elle ajouté.
Développer les potentiels
Le "parcours d'excellence" proposera aux volontaires des travaux en groupe d'une dizaine avec un tuteur, des visites culturelles et d'entreprise et des temps de renforcement de la culture générale, des rencontres avec des personnalités. Najat Vallaud-Belkacem souhaite que ces dispositifs se développent au sein des lycées professionnels. Elle vise 20% des élèves de troisième des 352 collèges REP+, soit près de 8 000 jeunes. Ils seront suivis jusqu'au baccalauréat. L'accès au programme se fera sur la base du volontariat. Au lycée, une sélection sur dossier sera réalisée. Les critères principaux ne seront pas les notes mais "le courage et la volonté de s'en sortir", a précisé un responsable du programme au cours d'une table ronde organisée au collège Paul Eluard avec des élèves. "L'idée c'est d'être proactif (...), on passe physiquement avec des personnalités ambassadrices de la démarche qui donnent envie", a assuré la ministre à un journaliste qui pointait les limites possibles d'un système basé sur le volontariat."Il faut travailler à faire en sorte que les volontaires ne soient pas que les très bons élèves au sens des notes qu'ils obtiennent, mais aussi les élèves pour lesquels les professeurs constatent du potentiel et qui se cherchent encore", a abondé Pierre Mathiot, nommé délégué ministériel aux "parcours d'excellence". L'ancien directeur de l'IEP de Lille est à l'origine du Programme d'études intégrées (PEI) mis en place par les IEP de régions depuis 2007, pour accompagner vers des études poussées des élèves issus de milieux modestes. Ce dispositif a bénéficié à 13 000 jeunes. Quant aux "Cordées de la réussite", dont 80 000 jeunes ont bénéficié, elles n'étaient "pas très présentes dans les collèges d'éducation prioritaire ni dans les lycées professionnels", a estimé Najat Vallaud-Belkacem. Elles "sont dans environ 375 lycées, et nous les finançons à hauteur de cinq millions d'euros. Elles sont souvent portées par des entreprises privées, avec des résultats positifs mais aussi des lacunes", a-t-elle poursuivi. Les deux programmes vont
donc "coexister". Les "parcours d'excellence" seront lancés à la rentrée 2016, avec une première évaluation du déploiement fin décembre, et une extension possible vers les collèges REP+ à partir de septembre 2017.