La semaine mondiale de l’allaitement maternel, qui a lieu chaque année en France la troisième semaine d'octobre, vient de s'achever. Il est important de rappeler aux 69 % de mamans qui allaitent à la naissance qu'elles peuvent, lors du sevrage de leur bébé, subir un phénomène peu connu, le milk blues.
Le milk blues est une déprime, une anxiété ou une fatigue décuplée qui se manifeste les semaines qui suivent l’arrêt complet de l’allaitement. Amélie Jourdain, infirmière amiénoise en néonatologie et accompagnante périnatale, a vécu cet épisode. Elle se souvient.
"J'ai sevré mon bébé à deux mois et demi à cause du congé maternité qui est trop court. Bien que je l'aie sevré progressivement, en gardant l'allaitement la nuit, cela a été brutal les trois mois qui ont suivi l'arrêt. Je me suis sentie fort fatiguée et un peu triste quand même. La chute hormonale n'a pas dû aider !"
Le rôle des hormones
Effectivement, comme toutes les autres mamans concernées par le milk blues, Amélie a subi une baisse hormonale liée à l’arrêt plus ou moins progressif du nombre de tétées quotidiennes. Quand on allaite, le niveau d’ocytocine, hormone du bien-être libérée à cette occasion, diminue. Cette hormone venait contrebalancer celle du stress, appelée aussi le cortisol. Un équilibre fragile, mais très confortable pour tenir la cadence d'une vie de maman.
Les deux créatrices du podcast BooB BooB domicilié au Touquet, Cassandre Carpentier, médecin généraliste, et Hélène Soots, pharmacienne diplômée en lactation humaine et allaitement maternel, veulent informer les mamans de manière continue sur toutes les surprises que leur réserve l'allaitement.
"On pense qu'il faut anticiper, s'informer, en parler avec son bébé, car les bébés comprennent tout, et avec son entourage pour chercher du soutien. On peut compenser la chute hormonale en faisant beaucoup de peau à peau, pratiquer des activités avec lui qui nous font plaisir, prendre du temps pour soi pour se reposer. L’idée est de réussir à se faire des shoots d'ocytocine équivalents à ceux que l'on avait lors des tétées."
Le soutien de l'entourage
Pendant la semaine mondiale de l’allaitement en France qui s'est tenue du 14 au 20 octobre 2024, la ville de Nice a accueilli un forum européen de l’allaitement. Une spécialiste de la question devenue facilitatrice en allaitement, Mayane, alias le compte Instagram Apasdemoa, a insisté sur l'importance de démocratiser le milk blues, pour que l'entourage comprenne ce qui se joue et soutienne la maman au mieux.
"L'entourage peut faire des ateliers de sensibilisation à l'allaitement pour mieux comprendre ce que peut traverser la maman, explique-t-elle. C’est une période où il faut être dans la bienveillance, pas dans le jugement de la maman. C'est le moment de la soutenir plus qu'autre chose. C’est un moment où elle a besoin que l'on soit à ses côtés."
Les symptômes du milk blues :
- Sentiment de tristesse ou de nostalgie après avoir cessé d’allaiter,
- Anxiété ou doutes sur la décision d’arrêter l’allaitement,
- Sautes d’humeur, irritabilité ou sentiment de déprime,
- Sentiment de "vide" ou de perte de lien avec le bébé.
Vers qui se tourner ?
Le numéro Allait’écoute 0310010101. Des consultantes en lactation IBCLC vous répondent.
La page Facebook de l’association La Leche League qui est une mine d’informations, les animatrices répondent rapidement.
À la PMI, les consultantes en lactation IBCLC peuvent passer à domicile. C’est un service gratuit peu connu des mamans. N’hésitez pas autant de fois que vous le souhaitez durant votre post-partum !
Voir cette publication sur Instagram
Pour en savoir plus, retrouvez ci-dessous l'émission Hauts Féminin présentée par Marie Sicaud qui reçoit Christelle Juteau-lermechin, journaliste spécialiste de la santé des femmes.
L’émission existe aussi en podcast gratuit sur toutes les plates-formes numériques.