Après la mort d'un adolescent dans une usine désaffectée, retour sur un loisir risqué : l'exploration urbaine de lieux abandonnés

Depuis 2 ans, Sophie Le Droumaguet, professeur de danse et photographe s'est prise de passion pour l'Urbex. Comprenez la visite de lieux abandonnés oubliés, afin de les photographier. Une pratique attirante mais dangereuse comme nous l'a cruellement rappelé ce mercredi 15 mai, le décès d'un adolescent, victime d'une chute de 10 mètres dans une usine désaffectée de Cambrai.

Elle, ce qu'elle aime dans l'Urbex, ce sont "les sites industriels, les usines pour les volumes, les machines, les perspectives mais aussi le calme qui y règne. Ça m'apaise". Depuis deux ans, entraînée par son compagnon, Sophie parcourt la France à la découverte de lieux insolites, abandonnés, appareil photo greffé à l'œil.

Elle aime peu visiter les maisons privées, elle préfère les grandes salles des usines qui l'ont amenée dans le Nord de la France. Ses "spots", elle les trouve soit elle-même, soit "par du bouche à oreille, mais c'est un milieu où on se donne peu d’informations. Divulguer, c'est prendre le risque que les lieux soient détériorés".

Sur le danger, elle explique "On n'a pas toujours conscience que c’est dangereux. Je fais attention, on n'est jamais à l’abri" et c'est là qu'elle nous raconte sa pire mésaventure, dans une usine proche de Lille. "Nous étions dans une grande pièce à ciel ouvert, le sol était maculé de tuile et de détritus. On marchait dans cette plaine de détritus quand, d’un coup d’un seul, Rémi voit une peinture qu’il veut prendre en photo. Et là, il tombe dans un grand trou, une fosse remplie d'eau et de déchets qui flottaient… au ras du sol. Il mesure 1 mètre 85, il avait de l'eau jusqu'à la poitrine, moi j'en aurais eu jusqu'au menton. Et puis, ça faisait comme un sable mouvant, j'ai dû l'aider à sortir, c'était flippant, l'eau était dégueulasse".

Après s'être changés, les deux urbexeurs poursuivent leur exploration après avoir tenté de signaler le danger à l'aide de quelques planches ramassées sur place. Plus loin, ils croisent des ferrailleurs en train de prélever ce qu'ils peuvent "sans se soucier de savoir s'ils fragilisent la structure du bâtiment"... De telles rencontres, Sophie confesse en faire régulièrement.

Depuis, Sophie a ses propres règles pour continuer l'urbex en réduisant au maximum les risques. Tout d'abord "la règle initiale est de ne jamais sortir seul et, si possible, de donner la géolocalisation du lieu à quelqu'un qui ne vient pas". Elle poursuit : "tout le temps regarder où on met les pieds, aller là où on est sûr, ne pas escalader des toitures. Enfin, avant d'avancer, s’assurer que les structures sont stables". Elle ajoute "il faut faire preuve de bon sens, parfois les lieux sont abandonnés depuis tellement longtemps…"

Des visites qu'elle vit comme une aventure urbaine faite de frissons "C'est addictif. Aller dans des trucs toujours plus grands, où il y a l’effet waouh… Je peux passer des heures dans un lieu. C’est mon terrain de jeu, mais il faut savoir que c’est dangereux… Une fois, en reculant pour faire mon cadre de photo, je ne me suis pas aperçue que mon talon était au bord d'un trou..."

Chutes, plancher cédant sous le poids des visiteurs, produits toxiques laissés sur place, les risques sont multiples et les accidents souvent mortels. Pratiquer l'urbex n'est pas anodin d'autant que la pratique est illégale si des dégradations sont commises : les personnes prises sur le fait encourent deux ans de prison et 30 000 euros d'amende.

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