ARCHIVE. La mode en 1965 : on trouve les mannequins jolies, mais le genou découvert interroge

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En 1965 les passants découvrent les nouvelles tendances de la mode dans les rues de Lille
Petit micro-trottoir à Lille sur les tendances de la mode en 1965 ©INA

La mode dans les provinces de France : c’est le thème du magazine "Images de nos provinces" de la RTF, diffusé le 13 novembre 1965. Deux mannequins défilent dans les rues de Lille, tandis que les passants sont invités à donner leur avis. Entre curiosité, compliments, quolibets ou réprobation, les dernières tendances de la mode ne suscitent pas l’unanimité !

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Mais qui sont donc ces drôles de zèbres ? Deux étranges créatures débarquent dans les rues de Lille.  Des mannequins un peu irréels, comme échappés de leurs pages de papier glacé, et qui soudain se mettent en mouvement dans le décor du quotidien. Une apparition qui ne laisse pas indifférent à mille lieux des défilés parisiens !

C’est bien, mais pas pour ces régions ici…On se moquerait de nous !

En 1965, en dehors de la capitale, l’ambiance est à la mesure. On ne se fait pas remarquer, on fait grand cas du qu'en-dira-t-on, il y a des convenances à respecter. On s’intéresse à la mode, mais il est convenu qu’elle est réservée à une certaine classe de la population. La haute-couture habille les stars et les personnalités politiques, c’est à Paris que ça se passe et pas ailleurs. Il faut du temps avant que la mode portée par les plus aisés parvienne aux classes plus modestes.

Les créations de Pierre Cardin, Yves Saint-Laurent ou André Courrèges sont un peu des ovnis : on peut les aimer, mais la crainte des moqueries, le complexe d’un corps inapproprié ou l’argument d’un trop grand âge sont prégnants. Pour beaucoup, il est inenvisageable de s’autoriser à les adopter.
D’autant plus quand il est question de découvrir le genou !

C’est joli de faire voir les genoux quand on est jeune, quand ils sont beaux

Montrer ses genoux oui, mais à condition qu’ils soient parfaits ! Mais qu’a donc fait ce genou pour être ainsi mal aimé… Trop gros, trop anguleux, osseux, gonflé, autant de « bonnes » raisons qui incitent à ne pas le découvrir.

Et s’il se dévoile, il risque d’attirer les regards : est-ce bien convenable ?          En cette année 65 où André Courrèges fait de la minijupe l’emblème de sa collection printemps-été, chez madame et monsieur tout-le-monde l’ourlet doit rester sous le genou. Il est question de décence, cet os étrange entre cuisse et mollet ne se dévoile pas, et s’il le fait il choque. Entre l’obligation de perfection qu’on lui impose et la morale qui le juge tendancieux, son compte semble être réglé. 
"Vous pensez que les femmes auront l'air plus jeunes si elles montrent leurs genoux et leurs cuisses ? Je trouve ça indécent. Je déteste" , déclarait Coco Chanel en 1969 dans l'émission "Dim dam dom".

Et oui, même cette figure iconique qui a pourtant libéré la femme de ses entraves vestimentaires, ne supporte pas de voir ce genou.

Pourtant l’époque est aux chamboulements tous azimuts : les sixties révolutionnent les codes de la société comme ceux de la mode, longueurs, couleurs, graphismes, matières…L’exploration est maximale.

On est bien loin de la crinoline, la jupe a cessé de nettoyer les trottoirs, l’ourlet s’est émancipé pour remonter petit à petit sur la jambe. Jusqu’à cette année 1965, où il s’aventure au-dessus du genou, provoquant embarras et réprobations.

La jupe ainsi relevée, si elle est moquée ou méprisée, gagnera envers et contre tout le cœur des plus jeunes.

L’ourlet n’a pas dit son dernier mot. Dans ce grand vent de liberté que sont les années 60-70, à l’instar des cheveux longs pour les garçons, la minijupe devient l’apanage de jeunes filles qui s’émancipent, en opposition aux us et coutumes des générations précédentes… qui finiront par s’y faire !

 

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