La reprise d'Ascoval met fin à une longue saga qui a commencé en 2017. Salariés et syndicats se réjouissent de cette reprise.
C'est un chapitre qui se termine après des années de doutes. La reprise de l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) par le groupe allemand de sidérurgie Saarstahl vient d'être actée au tribunal de commerce de Paris ce lundi 2 août.
A l'origine, trois groupes s'étaient dits intéressés par la reprise de l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) mise en vente début mai par le groupe sidérurgique Liberty Steel. C'est finalement Saarstahl qui a obtenu l'accord de principe le 1er juillet dernier, annoncé par le ministre de l'économie Bruno Le Maire et la ministre déléguée à l'industrie, Agnès Pannier-Runacher dans un communiqué de presse.
Il ne restait plus que la décision du tribunal, qui vient de confirmer l'homologation ce soir. Du côté des syndicats, on se réjouit de cette nouvelle tant attendue. "On est satisfait, ce n'est pas une surprise avec l'activité qui est devant nous, les nombreuses commandes. Maintenant, tout est conforme pour que l'entreprise puisse tourner de façon convenable", déclare Nassim Bardi, délégué CGT.
Une "relation de confiance" réinstaurée
Et même si avec Liberty Steel, "l'activité tournait", les moyens financiers pour "la faire tourner correctement n'étaient pas là". C'est pourquoi il fallait trouver un groupe beaucoup plus à même de gérer Ascoval aux yeux des salariés. "Les Allemands ont plus de 200 ans d'expérience dans la sidérurgie, c'est une très bonne nouvelle puisqu'on est repris par un industriel, il n'est pas français certes, mais c'est un européen", poursuit Nassim Bardi.
En termes de finances, de trésorerie, de relations avec les clients et les fournisseurs, le délégué CGT estime que "les choses vont changer", puisque les "moyens financiers" devraient être mis à disposition. "Il fallait payer les fournisseurs au cul du camion et la trésorerie en prenait un coup, on était payé 60 à 90 jours après parfois. Ce n'est pas 200.000 euros qu'il fallait donner mais un million ! Plus les fournisseurs réclamaient des liquidités tout de suite, plus ça nous précipitait dans une situation délicate. La ferraille coûte très cher."
Autre point salué par les salariés et syndicats : la stratégie industrielle de Saarstahl à moyen et long terme, qui est en cohérence avec les enjeux environnementaux actuels. "Ils commencent à anticiper le fait que les futurs clients demanderont des produits issus de la filière électrique, moins polluante que la filière fonte. C'est de bon augure pour tout le monde, nous retrouvons une situation normale."
Avec 270 salariés, Ascoval produit des blooms (barres d’acier) pour Hayange, qui fabrique des rails en acier pour des clients européens, notamment SNCF Réseau et la RATP.
La saga Ascoval a débuté en 2017
Pour rappel, le feuilleton Asocval a commencé en novembre 2017, le groupe sidérurgique français Ascometal est placé en redressement judiciaire avant d'être repris par le groupe suisse Schmolz + Bickenbach. Problème : il ne veut pas garder Ascoval. Plusieurs mois d'incertitudes se succèdent, des manifestations et rassemblements de salariés s'organisent pour tenter de trouver une solution.
En septembre 2018, l'usine est toujours sans repreneur et se dirige vers la liquidation judiciaire jusqu'à ce qu'Altifort apparaisse. Le groupe franco-belge met 167 millions d'euros sur la table, mais une discorde financière avec le fabricant de tubes en acier Vallourec fait tomber le projet de rachat à l'eau. Malgré les pressions des politiques, dont Bruno Le Maire et Xavier Bertrand, le dossier est dans l'impasse.
Le gouvernement propose alors à Altifort de présenter une offre qui n'inclut pas le Vallourec. Le groupe propose alors un plan à 152 millions d'euros et la création de 133 nouveaux emplois. Le plan est jugé "solide" par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Tous les feux sont au verts, la justice donne le sien. Le site est sauvé. Tout est bien qui finit bien... sauf qu'Altifort n'est pas en possession des financements nécessaires.
Un nouveau repreneur est donc recherché et British Steel, deuxième plus grand groupe britannique de sidérurgie, est retenu. La justice valide le projet de reprise. Mais deuxième douche froide : le gouvernement britannique se prépare à une faillite du groupe. Et même si les dirigeants, qui affirment avoir besoin de soutiens financiers, promettent vouloir respecter leurs engagements, British Steel est placée en faillite et liquidée en mai 2019.
Plaintes déposées par la CGT envers Vallourec et Greybull (maison mère de British Steel), flou des salariés, ArcelorMittal qui entre en jeu alors qu'il n'aurait pas besoin du site Saint-Saulve... Les problèmes s'enchaînent sans trouver de solutions. Aujourd'hui, cette reprise du groupe allemand Saarstahl clôt enfin un récit de plus de quatre ans.