Attaque de la prison de Lille-Sequedin : "On rentre comme si on était sur un centre commercial", la sécurité des abords de la prison questionnée

Deux individus cagoulés à bord d'une voiture volée ont tiré en rafale à l'arme lourde sur l'entrée du centre pénitentiaire de Lille-Loos-Sequedin (Nord), sans faire de blessé, dans l'après-midi du mercredi 28 août 2024. Les syndicats du personnel dénoncent depuis des années un dispositif de sécurité insuffisant aux abords de la prison. France 3 fait le point.

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Une voiture volée, deux hommes cagoulés, une kalachnikov, de nombreuses balles et heureusement, aucun blessé. L'attaque du centre pénitentiaire de Lille-Loos-Sequedin (Nord), mercredi 28 août 2024, a provoqué un vif émoi auprès des riverains et des agents pénitentiaires présents sur place.

Les deux individus étaient toujours activement recherchés par les forces de l'ordre ce jeudi 29 août au soir. Leur véhicule, une berline de type Mégane, avait été retrouvé calciné dans la journée dans la commune d'Escobecques (Nord).

Les agents pénitentiaires ne sont pas passés loin du drame. Personne n’était devant l’entrée au moment des coups de feu, mais l'entrée visée par les deux individus est le point d'entrée des familles se rendant aux parloirs. Certaines étaient d'ailleurs présentes à l'intérieur, comme les deux gardiens chargés de l’accueil qui ont "entendu les balles siffler".

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Ceux-ci dénoncent avec vigueur le manque de sécurisation des abords de la prison. "On rentre ici comme si on était sur un centre commercial", dénonce Yannick Lasserre, délégué syndical Force Ouvrière du CP Lille-Sequedin.

Un parking du personnel pas assez sécurisé

Il est rejoint par Benoît Normand, délégué syndical UFAP-UNSA à la maison d'arrêt de Sequedin : "Dans toutes les prisons de France c’est pareil, ce n’est pas logique que quelqu’un puisse rentrer sur le domaine pénitentiaire avec une kalachnikov et qu'il se dise « tiens je vais faire feu », il y a un sentiment d’impunité".

Le périmètre de sécurité mis en place mercredi par les forces de l'ordre a depuis été levé, comme la barrière du parking, baissée durant la nuit mais relevée la journée pour permettre les allées et venues des différents utilisateurs de la prison.

"Avec les collègues on se demande tout le temps s’il ne va pas nous arriver quelque chose, une balle perdue, une balle visée...", continue Benoît Normand avant de rappeler les différents incidents déjà survenus à Sequedin ces dernières années : un incendie et une autre fusillade.

En cause notamment : le parking non différencié entre le personnel de la prison et les visiteurs. Un parking réservé aux agents pénitentiaires, plus sécurisé, devait déjà voir le jour l’année dernière mais le chantier a été reporté. "Logiquement on devrait l’avoir en fin d’année mais les personnes ne peuvent plus attendre, elles en ont marre", reproche le délégué syndical.

Tentative d'intimidation ?

L’administration pénitentiaire explique de son côté que les domaines pénitentiaires et leurs abords sont sécurisés via une myriade d'outils : d'abord des équipes locales de sécurité pénitentiaire (ELSP) qui interviennent aux abords des prisons. Il y en a une à Sequedin, déployée depuis 2021. "Les agents des ELSP sont habilités à manier des équipements spécifiques comme les armes de poing et des pistolets à impulsion électrique", indique l'administration pénitentiaire.

Mais aussi la mise en place d’opérations conjointes avec les forces de sécurité intérieures (FSI) qui peuvent intervenir en cas d'incidents mineurs mais qui n'ont pas les mêmes pouvoirs que la police judiciaire. Et enfin, l’installation de caméras de vidéosurveillance, de filins anti-projection, de clôtures, et de dispositifs anti-drone.

Seulement, Benoît Normand tempère vite les ardeurs de l'administration : "à certains endroits de la prison, il y a du grillage comme chez monsieur tout le monde". Sans compter "des brouilleurs de téléphone portables installés depuis deux ans" et "toujours pas mis en route".

Un retard causé par l'administration selon lui, qui voudrait préserver la paix sociale avec ses détenus. "À un moment il faut prendre son courage à deux mains et protéger le personnel", s'indigne-t-il.

Pour Force Ouvrière Justice, cette attaque "s’apparente à une tentative d’intimidation". Le syndicat affirme dans un communiqué qu'elle "s’est produite peu après qu’un équipage des PREJ [pôle de rattachement des extractions judiciaires, NDLR] de Lille a pris en charge un détenu." Une enquête est en cours pour déterminer les motivations des assaillants, toujours recherchés.

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