"Ça devient invivable" : après l'agression à la prison à Laon, les surveillants dénoncent la surpopulation carcérale et le manque d'effectifs

Quinze jours après l'agression présumée de trois agents pénitentiaires à la prison de Laon (Aisne) par un détenu radicalisé, le syndicat UFAP-UNSA Justice dénonce une situation "catastrophique" dans les prisons des Hauts-de-France, surpeuplées, et réclame des mesures concrètes pour soulager les surveillants.

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"Les conditions de travail ont beaucoup évolué depuis que je suis arrivée en 2006. [...] Elles se sont dégradées", constate mardi 30 juillet Carine Eloy, surveillante brigadier au centre pénitentiaire de Laon, dans l'Aisne. Il y a quinze jours, les agents pénitentiaires ont dû faire face à une énième agression

Le 16 juillet, vers 7h du matin, Ali Riza Polat, condamné à la perpétuité pour "complicité" dans les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper casher à Paris, en janvier 2015, et placé au quartier d'isolement du centre pénitentiaire de Laon, aurait agressé trois agents alors qu'il sortait de sa cellule.

Un des surveillants a été légèrement blessé à l'avant-bras gauche avec un tesson de bouteille. Il rapporte aussi que le détenu aurait "crié Allahou akbar" en l'attaquant, aurait "menacé de [les] tuer avec le tesson", et aurait "essayé de prendre en otage un de [s]es collègues".

7 600 détenus pour 6 200 places dans les Hauts-de-France

Cet événement a fait ressurgir la problématique des conditions de travail dégradées des agents pénitentiaires. "La situation est catastrophique", résume Joris Ledoux, délégué régional UFAP-UNSA Justice. Les 16 établissements pénitentiaires des Hauts-de-France rassemblent "environ 7 600 détenus pour un peu moins de 6 200 places", illustre-t-il. 

D'après l'Observatoire national des prisons, la maison d'arrêt de la prison de Laon affichait, au 1er janvier, une densité carcérale de plus de 175%.

Ça devient invivable : une surpopulation pénale qui ne cesse de s'accroître, un manque d'effectifs chronique… Ne serait-ce que sur la région, il manque plus de 300 agents pénitentiaires.

Joris Ledoux, délégué régional UFAP-UNSA Justice

Le délégué régional pointe aussi "les rythmes de travail infernaux" des agents pénitentiaires. Il réclame donc que les politiques prennent le problème "à bras-le-corps" et mettent en place des mesures concrètes de régulation carcérale et de construction de nouveaux établissements.

Joris Ledoux propose notamment "des travaux d'intérêts généraux pour les petites peines". Mais aussi de "réhabiliter tout ou une partie des petites structures" fermées à la suite de la création de structures plus grosses et d'y mettre les détenus condamnés à de courtes peines "pour les préparer à la réinsertion". 

Le plan "15 000 places de prison" du gouvernement prévoit la construction de 15 000 places nettes de prison d’ici à 2027. "Quand vous savez qu'on a 78 000 détenus pour 62 000 places. Vous faites les totaux, le compte n'y est toujours pas", pointe Joris Ledoux.

Les conditions de sécurité du détenu seraient "dégradées"

La défense d'Ali Riza Polat, dénonce de son côté les conditions de détention du prévenu. M. Polat "explique que ses propres conditions de sécurité se sont dégradées au sein même de l'isolement et c'est dans ce cadre-là qu'un incident est né avec son codétenu dans la coursive de l'isolement", déclare son avocat Me Moad Néfati. "Les surveillants n'étaient pas visés, c'est un point important", affirme l'avocat qui explique que son client aurait "demandé son transfert depuis plus de deux ans" vers Île-de-France, près de sa famille. 

Le détenu a été placé en garde à vue le jour des faits et interrogé au siège de la sous-direction antiterroriste de Paris, avant de voir sa garde à vue levée le vendredi 19 juillet. Elle aura duré moins de 96 heures. Un élément que son avocat interprète comme un manque "d'indices graves ou concordants laissant penser que M. Polat ait tenté de tuer les surveillants du centre pénitentiaire de Laon". 

Ali Roza Polat a depuis été transféré dans un autre établissement, a confirmé le parquet national antiterroriste à l'AFP. L'enquête préliminaire pour tentative d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et en état de récidive légale se poursuit.

Avec Ambre Croset / FTV

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