"En m'attaquant, il a crié Allahou akbar" : un détenu condamné après les attentats de 2015 à Paris agresse des agents de la prison de Laon

Un détenu, condamné à la perpétuité pour complicité après les attentats à Paris en janvier 2015, a agressé des agents du centre pénitentiaire de Laon dans la matinée du mardi 16 juillet. Le parquet anti-terroriste a été saisi.

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Une attaque est survenue ce mardi 16 juillet vers 7 heures, lors du contrôle de l'effectif par les surveillants. Un détenu, Ali Riza Polat, condamné à la perpétuité pour "complicité" dans les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper casher à Paris, en janvier 2015, et placé au quartier d'isolement du centre pénitentiaire de Laon, dans l'Aisne, a agressé des agents alors qu'il sortait de sa cellule.

Une attaque au tesson de bouteille et une prise d'otage

Il était aux alentours de 7 heures, l'heure de faire l'appel pour les surveillants. Lorsque Christopher ouvre la cellule de Ali Riza Polat pour le conduire à la douche, celui-ci lui saute dessus avec un tesson de bouteille et le blesse légèrement à l'avant-bras gauche.

En m'attaquant, il a crié Allahou akbar

Christopher, surveillant agressé à la prison de Laon

L'agent est alors accompagné par un collègue et son chef d'équipe. La suite, c'est Christopher qui nous la raconte, encore choqué par l'agression. "En m'attaquant, il a crié Allahou akbar. Suite à ça, il est sorti de la cellule et a menacé de nous tuer avec le tesson. Il nous disait : "Je vais tuer quelqu'un aujourd’hui, j'ai pris perpétuité pour avoir tué des gens, je n'ai plus rien à perdre. J'agis au nom de Dieu. Il n'y a qu'un seul Dieu". Il a essayé de prendre en otage un de mes collègues qui a voulu se mettre en sécurité sur le côté, mais qui est resté coincé au fond de la coursive." Alors que leur collègue était isolé, les deux autres agents ont tenté de négocier avec le détenu. "On a essayé de temporiser, on a gardé notre calme. En discutant, après quelques minutes, il a libéré mon collègue coincé, sans issue. Puis, on s'est mis en sécurité derrière une porte en attendant les renforts."

Le détenu, âgé de 45 ans environ et emprisonné à Laon depuis deux ans, aurait également prononcé pendant l'attaque : "Je vais tuer du bleu". L'assaillant a été rapidement maîtrisé puis emmené au quartier disciplinaire. 

Les surveillants n'ont pas repris le travail. Ils ont été pris en charge et interrogés de longues heures par le parquet national antiterroriste, qui s'est saisi de la procédure dans la matinée et s'est déplacé au centre pénitentiaire de Laon. Dans la journée, les trois agents ont été pris en charge au centre hospitalier de Saint-Quentin, dans l'Aisne, pour constater les blessures. "On subit le contrecoup. On réalise qu'on n'est pas passé loin du drame. L'un de nous aurait pu perdre la vie sur la coursive", confie Christopher.

Un terroriste dans la prison de Laon

Le 20 octobre 2022, à l'issue de six semaines d'audience, Ali Riza Polat avait été condamné en appel à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de vingt ans. La cour d'assises spéciale de Paris l'avait reconnu coupable de complicité pour les 17 assassinats perpétrés par les frères Saïd et Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly entre les 7 et 9 janvier 2015 à la rédaction de Charlie Hebdo, à Montrouge et à l'Hyper Cacher. 

Sa condamnation est devenue définitive après la non-admission de son pourvoi en cassation, en mars dernier. D'après le secrétaire général UFAP de Laon, le comportement du détenu avait changé, depuis quelques mois. "Il n'allait plus à la douche, ne parlait plus à ses codétenus. Il avait des tocs."  

Ces détenus n'ont rien à perdre. Quand ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent, il y a des représailles sur les agents.

Syndicat UFAP UNSA justice

Suite à cette attaque, le syndicat UFAP UNSA  justice du centre pénitentiaire de Laon interpelle la direction de la prison, dans un tract publié ce mardi 16 juillet : "Comment ce type de détenu radicalisé, hébergé à l'isolement, peut être en possession deux bouteilles en verre", des objets interdits en prison. Le syndicat s'interroge également sur la présence de ce détenu dans la prison de Laon. "Ces détenus n'ont rien à perdre. Quand ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent, il y a des représailles sur les agents. Notre prison n'a pas suffisamment d'effectifs pour accueillir ces détenus radicalisés. Il aurait dû quitter notre établissement et partir dans une structure adaptée." D'après l'un des agents que nous avons contactés, les surveillants de la prison de Laon ne sont pas formés à la gestion de tels profils radicalisés. "On est toujours méfiants. On garde les gestes de sécurité que nous avons appris, mais ce n'est pas suffisant et nous n'avons pas les tenues adéquates pour surveiller ces détenus. Et on n'est pas assez nombreux."

D'après, l'AFP, l'enquête a été confiée à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, à la DGSI et à la direction zonale de la police nationale. L'enquête est ouverte pour "tentative d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et en état de récidive légale", a indiqué le parquet national antiterroriste à franceinfo.

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