ELO groupe, la maison mère d'Auchan dont le siège social est situé à Croix (Nord), a annoncé une perte nette de près d'un milliard d'euros pour le premier semestre 2024. La situation nécessite "une réaction forte" selon le groupe. Parmi les pistes : baisses de prix, meilleure organisation et réduction des surfaces de vente des hypermarchés, dont plusieurs dans les Hauts-de-France.
La multinationale de grande distribution nordiste Auchan n'est pas en très bonne posture. Ce jeudi 25 juillet, elle a annoncé lors d'une conférence de presse en ligne une perte de près d'un milliard d'euros sur le premier semestre 2024. Une situation périlleuse qui nécessite "une réaction forte" selon le groupe.
Sa maison mère, Elo Groupe, qui rassemble aussi les activités immobilières de NHood et Ceetrus ainsi que la banque en ligne Oney, a annoncé avoir quadruplé sa perte nette, avec 973 millions d'euros au premier semestre 2024 contre 214 un an plus tôt. L'entité avait déjà annoncé de mauvais résultats sur l'ensemble de l'année 2023, et comptait alors rebondir notamment via le rachat d'une centaine de magasins Casino.
L'agence de notation financière américaine S&P Global Ratings avait alerté en mars sur les risques d'une telle opération et avait fait basculer la dette de l'entreprise en catégorie "spéculative". Elle signalait alors "des incertitudes majeures" sur la capacité d'Elo à faire face à ses échéances à cause de "défis structurels sur le marché français".
Baisse des prix
La reprise des points de vente Casino s'est déroulée en plusieurs vagues. Une opération dont se félicite malgré tout Guillaume Darrasse, le nouveau directeur général délégué du groupe, qui a tenté de rassurer lors de la conférence en ligne. "Les premières semaines d'exploitation sont un succès", a affirmé Auchan ce jeudi.
Parmi les autres pistes énoncées ce jeudi pour redresser la barre et relancer les ventes se trouve la baisse des prix, en particulier en France. Guillaume Darrasse a en outre indiqué vouloir optimiser les coûts et "simplifier" les processus internes.
Mais aussi la réduction de la taille de ses hypermarchés, un modèle en perte totale de vitesse. L'objectif est selon la direction de parvenir à terme à un parc "composé d'environ 70% de magasins d'une surface inférieure ou égale à 10.000 m2".
Selon nos informations, 78 hypermarchés sont concernés par ce plan, dont seize dans toute la région des Hauts-de-France. Au total, ce sont 202.000 m2 perdus pour la France entière. Pour les magasins situés à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), à Englos (Nord), et à Leers (Nord), la réduction de leur surface atteindrait même les - 25%. Les travaux devraient s'étaler en plusieurs tranches, de 2025 à 2028.
Des syndicats inquiets
À Villeneuve d'Ascq (Nord) également, il est prévu de réduire le centre commercial Aushopping V2 d'un étage. Cela représenterait le reclassement ou le départ d'environ 150 salariés.
Mais le distributeur, détenu par la puissante famille Mulliez - septième fortune française selon le magazine Challenges -, n'a pas évoqué d'éventuelles conséquences sur l'emploi. Auchan, qui emploie 160.000 salariés dont 59.000 en France, a indiqué vouloir réserver la primeur de l'information aux représentants du personnel.
Les syndicats, eux, se montraient inquiets à l'annonce des réductions de surface mi-juillet, affirmant avoir "peur de la casse sociale" à venir. Hervé Seneca, délégué syndical FO pour la région du Valenciennois affirmait à France 3 avoir déjà "perdu 150 salariés en trois ans dans [sa] zone".
La surface de l'hypermarché de Petite-Forêt (Nord), situé dans son secteur, devrait être réduite d'au moins 4.000 m2. "Cela équivaut à 15 ou 16 personnes à temps plein", analysait le délégué syndical.
Avec AFP