Depuis plus de dix ans, la famille Mulliez est dans le viseur de la Justice. Plusieurs perquisitions et mises en examen d'héritiers de la famille ont eu lieu. Si le contrôle fiscal est toujours en cours, la famille se considère "parfaitement sereine".
L'empire Mulliez est au cœur de la tourmente. Le propriétaire d'Auchan, Leroy Merlin, ou encore Decathlon est sous le coup d'une enquête pour soupçons de fraude fiscale. Plusieurs héritiers de cette famille fortunée du Nord ont été mis en examen, confirme l'AFP ce 1er mai, suite aux révélations de Libération.
Un feuilleton étendu sur une décennie
C'est un feuilleton qui remonte à 2012, alors qu'un ex-membre de la famille - s'estimant lésé - a dénoncé dans une première plainte à Lille "des prêts très élevés sans écrits et sans intérêts accordés" par des structures du groupe "à des sociétés étrangères (plusieurs centaines de millions) et à des personnes physiques via des sociétés civiles personnelles ou familiales (plusieurs millions)." Ces prêts plutôt opaques constitueraient un abus de confiance selon le plaignant, dans la mesure où ils ne respecteraient pas l'égalité entre les associés.
Douze ans plus tard, la famille est toujours sous le coup d'un méticuleux contrôle fiscal. Car c'est une véritable galaxie qui se cache derrière le nom "Mulliez". Une sorte de pacte d'actionnaires régit les différentes entreprises, et mélange à la fois des sociétés civiles détenues par la famille ainsi que des holdings [société de portefeuille, ndlr] gérant les enseignes.
Enquête pour "fraude fiscale aggravée"
Depuis le dépôt de plainte, une enquête se penche donc sur un montage financier qui pourrait permettre aux Mulliez "une minoration de l'impôt en France (...) et serait donc susceptible de recevoir la qualification de fraude fiscale aggravée ou de blanchiment de fraude fiscale aggravée" précise une source judiciaire à l'AFP.
Menée par un juge financier parisien, l'information judiciaire a déjà mené à plusieurs perquisitions en France, en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Mais aussi à la mise en examen de Jérôme et Thierry Mulliez, en 2019, pour abus de confiance et blanchiment de fraude fiscale. Ont également été mises en cause, trois structures financières liées à la famille Mulliez, en janvier 2023, pour blanchiment aggravé et fraude fiscale aggravée.
Un contrôle fiscal toujours en cours
Des experts du fisc, la Direction des vérifications nationales et internationales (DVNI), ont depuis transmis au magistrat instructeur des pièces du contrôle fiscal toujours en cours. Ces nouvelles pièces pourraient en modifier les conclusions.
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Une source proche du dossier a confié à l'AFP que l'enquête porte bien sur "l'organisation des sociétés et holdings Mulliez" en général "plutôt que sur des dérives individuelles." De son côté l'Association Familiale Mulliez (AFM) se dit "totalement sereine", et considère cette procédure "dénuée de tout fondement".
Les flux financiers sont totalement transparents et s'inscrivent dans une logique de développement économique
Association Familiale Mulliez (AFM)À l'AFP
"Nous nous sommes expliqués sur la parfaite régularité des opérations examinées. Elles n'ont pour seul objectif que la diversification d'investissements à l'étranger" assure l'AFM. "Les flux financiers sont totalement transparents et s'inscrivent dans une logique de développement économique. Aucun bénéfice fiscal n'était recherché, aucun bénéfice fiscal n'a été réalisé. Aucun."
Avec AFP