"C'est un joyau de notre patrimoine régional" : un loto pour sauver la chapelle désacralisée d'un lycée

À Douai (nord), le lycée Jean-Baptiste Corot abrite une chapelle, création unique en France de l'architecte anglais Auguste Pugin. Le rez-de-chaussée, récemment rénové, abrite un studio de danse qui accueille les élèves de la filière des arts vivants. Afin de rénover la partie supérieure, la fondation du patrimoine a ouvert une cagnotte.

C'est un lycée en apparence comme les autres, mais derrière ses murs se cachent un trésor, une chapelle pensée par des moines bénédictins anglais en 1593. Au cours du 18ème siècle, l'établissement compte de plus en plus d'élèves mais en 1831, par manque d'entretien et en très mauvais état, l'ancienne chapelle est détruite. Elle renaît en 1843, grâce au talent d'un architecte anglais Auguste Pugin.

La désacralisation de la chapelle Saint-Edmund 

Aujourd’hui désacralisée, les voûtes d'un autre siècle abritent un studio de danse aux fondations consolidées. Un parquet flamboyant neuf accueille des élèves de la filière dédiée aux arts vivants.

Dans le sous-sol de la chapelle, Héloïse Dumont en classe de terminale savoure le privilège de danser 20 heures par semaine dans ce cadre atypique. "La première fois que je suis venue, je me suis sentie intimidée, c'était impressionnant. Maintenant dès que j'entre, je me dis wahoou, je danse ici, c'est merveilleux."

"Ça fait rêver, s'enthousiasme, Delphine Kowolick, professeure de danse. Je pense que ça change des studios ou parfois, on se retrouve dans des caves ou dans des salles de sport assez sombres. Là c'est lumineux, il y a de la hauteur sous-plafond et nous sommes bien."

En 1840, cet espace servait de réfectoire aux moines de la chapelle. Quand le lycée est devenu public, il est resté tel quel, jusqu’à ce que le proviseur en fasse un studio de danse.

Pour Dominique Radziedja, proviseur du lycée, l'important : "c'est de rendre ces lieux vivants, que ce soit l’ancien réfectoire des moines ou l’ancienne chapelle où on célébrait les offices et d’en faire un autre usage."

Une cagnotte pour sauver les vitraux

Mais la partie supérieure de la chapelle, vieille de deux cents ans, reste menacée. "Le risque c’est que les vitraux s’effondrent, que les montants s’effondrent et que les éléments qui pourraient être conservés ne soient plus récupérables du tout," s'inquiète le proviseur.

Pour restaurer le bâtiment, le proviseur compte notamment sur le loto du patrimoine. Objectif ? Récolter deux millions d'euros. 

La fondation du patrimoine a ouvert une cagnotte aux mécènes et aux particuliers. "C'est un joyau de notre patrimoine régional, voire national, souligne Mady Dorchies-Brion, vice-présidente en charge du patrimoine de la région. Cette chapelle a été construite par Augustus Pugin, architecte anglais et c'est son unique œuvre en France. Aujourd'hui, il faut arriver à effectuer tous les travaux nécessaires pour sauver ce patrimoine absolument exceptionnel." La priorité est la rénovation des vitraux, installés en 1918, ils se dégradent de façon alarmante.

Une acoustique privilégiée

Rénovés, les lieux serviront de salle de répétition aux élèves de la filière musique. La chapelle offre aux élèves une dynamique pédagogique.

Saxophone en mains, Léonie Thellier teste une acoustique hors du commun. "On ressent plus d'émotions que dans une salle normale."

Seule dans la nef de la chapelle, au chant la voix de la lycéenne Lou André retentit non sans émotions. "Je ressens beaucoup de joie et de plaisir. D'habitude ma voix n'est pas aussi puissante qu'ici. J'aimerais beaucoup chanter ici tous les soirs."

À terme, la chapelle devrait même ouvrir au public avec des visites, des concerts et même des lectures à voix haute et des rencontres culturelles.