Pas question de laisser tomber le patrimoine industriel. Ce samedi 12 octobre 2024, les défenseurs de la briqueterie Chimot de Marly se sont réunis pour dire "non" à la démolition annoncée de l'édifice. Un rassemblement de la dernière chance.
"Chimot, patrimoine des habitants", "Non à la destruction du four Hoffmann", peut-on lire sur les pancartes des manifestants. Ce samedi 12 octobre 2024, une cinquantaine de personnes se sont mobilisées pour lutter pour la sauvegarde de la briqueterie Chimot de Marly.
La briqueterie a fermé ses portes fin 2023 et un permis de démolir l’édifice a récemment été délivré : une décision prise en juin dernier par Valenciennes Métropole. Une nouvelle accueillie avec amertume par les amoureux de ce morceau de patrimoine nordiste.
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Un morceau de patrimoine
Alain Cybertowicz, Président du comité de sauvegarde du patrimoine valenciennois, espère sauver le bâtiment. "Valenciennes Métropole dit que c’est un tas de briques dont on ne sait pas quoi faire... Mais si !", affirme l’homme. "C’est du patrimoine. Il faut le préserver, il faut le réhabiliter, il faut en faire quelque chose. Évidemment, on ne va pas le laisser tel quel. Mais c’est possible de le garder et nous, nous faisons tout le nécessaire. C’est notre dernière chance pour le garder."
C’est du patrimoine. Il faut le préserver, il faut le réhabiliter, il faut en faire quelque chose.
Alain CybertowiczPrésident du comité de sauvegarde du patrimoine valenciennois
Car on parle ici d’un véritable morceau d'Histoire. En 1904, à l’ouverture du site, la vocation première de l’usine est de fournir des briques destinées à la construction de l’église Saint-Michel de Valenciennes. Quatre millions d’entre elles sont nécessaires, moulées à la main, séchées et chargées. Un savoir-faire unique qui fait la réputation de la société.
"Il faut savoir que les hommes de métier reconnaissent immédiatement une brique Chimot, vu les techniques de cuisson particulières", explique Jean-Jacques Fleury, membre du comité de sauvegarde du patrimoine valenciennois. "Jusqu’en 2023, quand elle fonctionnait encore, c’était plutôt un marché de niche, pour les monuments historiques, les restaurations. Une brique de qualité, où chacune avait sa spécificité." Un travail reconnu qui avait même permis à la briqueterie d’être labellisée Entreprise du patrimoine vivant en 2014.
Une pétition réunit 15 000 signatures
"J’ai appris il y a quelque temps que ça allait être détruit, j’habite tout près, je ne savais pas que ça existait. C’est une part de notre passé, c’est important", affirme une étudiante en master de gestion du patrimoine culturel, venue défendre la briqueterie.
Il y a beaucoup d’endroits en France où on a réussi à valoriser des éléments du patrimoine industriel. Pourquoi à Valenciennes on ne veut pas mettre en avant le patrimoine industriel ?
Une femmevenue défendre la briqueterie
Plus loin, une femme d’une soixantaine d’années se dit "touchée" par ce projet de destruction, fait "sans aucune concertation". "Le Nord est quand même une terre où on a beaucoup travaillé. Et on élimine petit à petit tous les éléments qui montraient le travail. Donc c’est scandaleux", déplore-t-elle. "Il y a beaucoup d’endroits en France où on a réussi à valoriser des éléments du patrimoine industriel. Pourquoi à Valenciennes, on ne veut pas mettre en avant le patrimoine industriel, qui fait partie de l’identité du Nord ?"
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Alain Cybertowicz refuse ainsi de baisser les bras : le passionné a créé une page dédiée sur les réseaux sociaux et même une pétition, signée par 15 000 personnes. Une démonstration de plus de l’attachement des habitants pour ce patrimoine en péril.