Plusieurs établissements du Nord et du Pas-de-Calais rouvrent peu à peu leurs portes aux touristes. Pour autant, ils doivent d'adapter aux règles sanitaires et rassurer la part d'entre eux autorisée à revenir dans la région.
Fini les grandes tablées où hôtes et invités, le matin, taillaient le bout de gras. Maintenant c’est dans les chambres, sur un plateau, que les petits déjeuners seront au gîte de la ferme de Montecouvez à Crevecœur-sur-l’Escaut.
"C’était pourtant le grand moment de convivialité et d’échanges, regrette Géraldine Puche, la gérante. Alors que là, on va avoir l’impression de faire un petit peu hôtel quoi !"
Quelques jours à peine après la fin du confinement, ce jeudi soir, cette hôtesse s’apprête à rouvrir son corps de ferme aux touristes : un couple de Lillois, pour 3 jours. Seule réservation sur son planning depuis le début de l’année.
La difficulté de se passer des touristes étrangers
L’épidémie de Covid-19 a frappé l’activité du gîte dès le mois de février. "D’habitude on a un petit creux de novembre à mi mars, on reprend en février avec des exposants italiens qui viennent chaque année à l’abbaye de Vaucelles. Mais ils n’ont pas pu venir cette fois parce que confinés avant nous. Début mars, les réservations ont été annulées avec la pandémie qui arrivait."
Géraldine Puche s’inquiète pour les mois qui viennent. "Habituellement j’ai beaucoup d’Anglais, d’Allemands, de Hollandais et on sait que cette année, on les aura pas, alors c’est vrai que l’on compte quand même sur les touristes français pour nos gîtes et chambres d’hôtes."
La plupart des propriétaires ne sont pas considérés comme des professionnels. Ils n’ont pour l’instant reçu aucune aide de l’État.
Laurence Delcroix, directrice des gîtes de la fédération du Nord
Si, comme les hôtels, gîtes et chambres d’hôtes sont restés ouverts pendant le confinement, ils n’avaient pas le droit d’accueillir des touristes. Juste des travailleurs et des soignants. Une perte de 80 % de leur chiffre d’affaires, selon Laurence Delcroix, directrice des gîtes de la fédération du Nord qui regroupe 6 départements. "De plus, la plupart des propriétaires ne sont pas considérés comme des professionnels, rajoute-t-elle, ils n’ont pour l’instant reçu aucune aide de l’État."
La situation s'améliore depuis lundi
Mais la situation est en train de changer. « Depuis lundi, on a deux fois plus d’appels à notre centrale de réservation qu’en pleine activité se félicite-t-elle. C’est surtout l’Oise qui profite de cette demande. La destination des 100 kilomètres n’aide pas le Nord coincé par la frontière avec la Belgique et la mer."
L’offre pour l’instant reste incomplète. "30 % des gîtes sont fermés car possédés par des propriétaires âgés qui n’ouvriront que début juin". Première destination dans la région : l’Avesnois.
Redémarrage pour les maisons d'hôtes qui accueillent des travailleurs
Les affaires reprennent aussi pour les maisons d’hôtes en ville qui reçoivent hors vacances des travailleurs. "Je reçois en ce moment des gens qui font des travaux dans leur maison et la semaine prochaine les Italiens qui auraient dû venir début mars", se réjouit Franck Dubruque, propriétaire du Noir lapin, un gîte à Lesquin.
Les Gîtes de France de Lille toujours à l’écoute de leur clientèle !#gitesdefrance #teletravail #restezchezvous pic.twitter.com/XBjLvz9H8Q
— GITES DE FRANCE NORD (@gitesnord) April 7, 2020
L'hôte a d'ailleurs ouvert ses chambres pendant le confinement aux soignants. "J’ai eu deux infirmières dont une travaillait au CHU de Dron qui est restée cinq semaines, et deux couples de soignants qui travaillaient au CHU de Lille et à Saint-Vincent. J’avais un peu tous les hôpitaux représentés", plaisante Franck.
Aujourd'hui, pour les remercier, les soignants ont invité Franck et son épouse à dîner. En respectant bien sûr leurs distances.