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VIDEO. Ecocide piscicole et drame écologique : la trame d'un scénario noir pour la "Catastrophe de l'Escaut"

L'Escaut, victime de la pire catastrophe écologique de ces 10 dernières années

Trois ans après la rupture de digue d'un bassin de décantation de Tereos à Escaudœuvres, Olivier Hennegrave et Thomas Risch reviennent sur le déroulé, les évènements, les conséquences écologiques et les implications judiciaires de la plus grande débâcle écologique de ces 10 dernières années en Europe, que l'on appelle "la catastrophe de l'Escaut".

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C'était le 9 Avril 2020, la France et la Belgique sont en confinement, une partie de l'Europe est à l'arrêt. Alors que partout la nature semble en tirer profit, à Thun-Saint-Martin, près de Cambrai, la digue d'un des bassins de décantation de la sucrerie Tereos (anciennement Beghin-Say), cède. Une catastrophe écologique comparable à l'Erika commence, sans faire de bruit. L'eau qui se déverse est celle utilisée pour le lavage des betteraves.

A Escaudoeuvres, dans le Nord, la sucrerie Tereos fait partie du paysage depuis 1872. La multinationale transformait ici en 2020, près de 2 millions de betteraves par an, en bioéthanol, en alcool et en sucre, . 

L'équivalent de 44 piscines olympiques

110 000 m3, l'équivalent en volume de 44 piscines olympiques d'eau polluée, issue du traîtement des betteraves, se répandent dans les bras de l'Escaut et au passage dans les jardins de riverains. Odeurs nauséabondes et eaux crasseuses envahissent tout. " A partir de 22H45 j'ai entendu un bruit qui provenait de l'extérieur. Et je me suis rendu compte qu'il y avait énormément d'eau qui provenait du jardin. On était déjà sur 30 cm d'eau bien noire et ça continuait de venir", raconte une voisine. Les propriétaires de bassins notent la mort quasi immédiate des poissons : "tous mes poissons sont morts", ajoute un autre témoin près de son point d'eau. "Il y en avait 200, je n'ai pas pu en sauver."

Le confinement occulte la catastrophe


Ce n'est pas la première catastrophe écologique en France, mais elle semble se produire au plus mauvais moment : en pleine pandémie mondiale. Une pandémie qui occupe la Une des médias français. La pollution massive de l'Escaut passe alors inaperçue. Il faudra plusieurs jours pour que la mortalité anormale des poissons soit signalée, même pour les plus concernés. 

Nous on n'apprend pas tout de suite la survenue de cet événement. Il faut savoir qu'on est dans un épisode particulier où la pêche n'est pas interdite mais les gens ne peuvent pas sortir. Donc on n'a pas forcément nos pêcheurs et nos sentinelles au bord de l'eau.

Emmanuel Petit, directeur de la Fédération de pêche du Nord

 Les mécanismes "naturels" de prévention ne fonctionneront pas comme d'habitude à cause de la situation sanitaire du pays. Les autorités françaises auront mis près de deux semaines a réagir officiellement. En Belgique et  au Pays-Bas, autres pays européens que traverse la rivière, le canal et le fleuve Escaut, personne n'est averti. 

Elle est pourtant la plus terrible catastrophe écologique de ces 10 dernières années à l'échelle du continent Européen. Elle est aussi massive que celle de l'Erika en 1999 qui, elle, a fait la une de l'info de nombreuses années. Jusqu'en 2012 où la Cour de cassation française condamne Total et reconnaît pour la première fois le préjudice de catastrophe écologique.


Le 20 avril, cette pollution organique atteint la Belgique, entraînant la colère de ses
Ressortissants. L'affaire n'es plus uniquement "française", elle devient européenne. L'Escaut est un fleuve important pour la Belgique mais aussi les Pays-Bas.

On parle beaucoup de réseaux écologiques, d'infrastructure verte , de continuité écologique mais ça ne peut exister que s'il y a des collaborations réels sur le terrain des deux côtés de la frontière.

Benoît Gauquie, naturaliste du Parc naturel des plaines de l'Escaut

Certains portent l'espoir que cette catastrophe soit un tournant. En d'autres mots, il doit y avoir un avant et après pour faire revivre le fleuve, le repeupler. 

Depuis 2012, la Loi Responsabilité Environnementale (LRE) est passée par là. Les pollueurs ne doivent plus se contenter d'être les payeurs mais aussi s'engager dans la rénovation et la dépollution des milieux endommagés.
Le 31 août 2021, le préfét des Hauts-de-France  publie un arrêté appliquant la loi LRE et impose au géant Tereos de rendre vie au fleuve Escaut avec la restauration des milieux aquatiques comprenant dix hectares de terrain, soit l'équivalent de 10 terrains de football. Un comité de pilotage est mis en oeuvre : une première en France. 

L'association Valentransition demande la reconnaissance de la catastrophe de l'Escaut en écocide.

"Les scientifiques estiment que l'Escaut mettra entre 10 et 20 ans pour se rétablir de la la pollution organique d'avril 2020", explique le documentaire, "à condition que d'autres outrages n'interviennent pas." 

Le documentaire d'Olivier Hennegrave et Thomas Risch est une reconstitution minutieuse des faits tels qu'ils se sont produits depuis le 9 avril 2020 suite à la rupture du bassin et tente de répondre à des questions cruciales : 

Comment un bassin empli de polluants peut-il céder ? Pourquoi les premières analyses ont-elles abouti à la non-dangerosité de cette pollution pour la faune? Toutes les parties du fleuve ont-elles été touchées ? Pourquoi est-ce un batelier qui fait part d'une mortalité piscicole anormale au poste de surveillance belge d'Evergem ?

Les autorités françaises ont-elles trop tardé à prévenir leurs voisins belges ? Pourquoi les autorités françaises, gestionnaires de l'Escaut n'ont-elles pas déployé les solutions d'urgence (émulsionneurs et pompages massifs).

Condamnée le 17 avril 2022 par le tribunal correctionnel de Lille pour négligence dans l'entretien du bassin de décantation, Tereos a fait appel . Les 9 millions d'Euros destinés à la réparation des dégats sont pour l'instant... dans la nature.

C'est parce que ça coûtera de plus en plus cher de polluer que les pollueurs feront les investisseurs feront des investissements nécessaires pour éviter les catastrophes écologiques. Les choses progressent, il faut s'en réjouir.

Corinne Lepage, avocate Région Wallonie

>>>> A lire aussi : Tereos fait appel 

Alors que 95 à 98% des poissons ont été décimés, combien de décennies seront nécessaires pour un retour à la "normale" ?

Catastrophe de l'Escaut. Mort et renaissance d'un fleuve
A voir le jeudi 25 mai 2023 à 22h50 sur France 3 Hauts-de-France

>>>Replay disponible sur cette page ou sur france.tv jusqu'au 25 juin.

Olivier Hennegrave et Thomas Risch reviennent sur la génèse de ce documentaire :

Un film signé Olivier Hennegrave et Thomas Risch. Coproduit par Réal Productions et France Télévisions

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