Champignons. La cueillette, "c'est un retour à une naïveté enfantine, une chasse au trésor"

Pharmacien au Cateau-Cambrésis (Nord), Jean-Baptiste Cokelaer a développé une véritable passion pour les champignons depuis l'âge de 15 ans. Ce mycologue de 47 ans a publié plusieurs ouvrages sur le sujet. À l'ouverture de la saison de la cueillette, il nous fait un point sur l'année 2024, sur le plaisir qu'il a à conseiller les cueilleurs.

Comment se présentent les cueillettes de l'année 2024 ?

"On a fait quelques repérages et on est un petit réseau qui permet de savoir que ça démarre tout doucement. On n'a pas eu de poussées au mois d'août. Les premiers bouchons, les premières girolles apparaissent du côté de Mormal. Du côté de Mennevret, silence radio. On sent que c'est dans les starting-blocks. On a eu assez d'humidité pour que les sols soient bien trempés et on a des variations de températures qui génèrent un stress, déclencheur des poussées. L'horloge biologique du champignon se met en marche."

2022 a été une année exceptionnelle, 2023 une année à girolles et 2024 ?

 

"Oui, j'avais dit que l'année 2022 était l'année du siècle, en ne me mouillant pas trop car on est au début du XIXe siècle (rires). Si on a un bel été indien - on est encore loin des gelées - le mois d'octobre peut être très bon."

Quels conseils donnez-vous aux nouveaux cueilleurs ?

"Déjà, il faut sortir. On va en forêt. On quitte ses écrans. On s'équipe d'une bonne paire de botte, on prévient qu'on va en forêt, on reste en groupe pour ne pas se perdre. C'est le b.a.-ba mais quand on sort de sa ville, prudence, la forêt reste un milieu sauvage. On peut prendre un livre et quand on ne connaît pas on s'abstient. Cueillir sans perturber l'environnement : on laisse les girolles les plus vieilles, on ne prélève pas les cèpes véreux. Et si on a un doute sur un champignon, on ne prend qu'un exemplaire. Le but, ce n'est pas d'avoir un panier rempli mais d'avoir un panier organisé. Avec des champignons que l'on connaît et les nouveautés on les met de côté et on va voir son pharmacien, une association locale ensuite."

Organisez-vous des sorties pour les amateurs qui ne sont pas connaisseurs ?

"Le 5 octobre, nous organisons une sortie avec Nicolas Verdin, pharmacien dans mon officine, avec 70 personnes. C'est déjà presque plein. Il reste davantage de places pour le 19 octobre. Le 15 septembre, nous organisons une plus petite sortie avec Christophe Enderlé du côté de Mennevret. Il y a plein de sorties possibles avec la société mycologique du nord de la France. Ce ne sont pas forcément des cueillettes pour manger, plutôt pour découvrir son environnement. On va par exemple apprendre à repérer les champignons toxiques, les repérer, les nommer. Il faut les connaître avant, pour les différencier de sosies comestibles."

Quel est votre plaisir à cueillir en forêt ?

"C'est ce retour à une naïveté enfantine. C'est une chasse au trésor sans obligation de résultat. On ne sait pas ce qu'on va découvrir, on va peut-être rentrer bredouille. On aura apaisé son tempérament d'hyperactif. On est toujours sur le palpitant, on est toujours sur le chronomètre... Là, on prend son temps, on redevient un petit chasseur avec son petit panier."

"C'est très rudimentaire, mais au détour d'un petit chemin on va découvrir une petite pépite. On est récompensés quoi qu'il arrive. On sera super fier, ce sera notre trésor de la journée. Et sinon on aura vu un bel oiseau, un chevreuil. Cela me rappelle personnellement mon premier herbier à 15-16 ans, en seconde. "Quel bazar", je me suis dit. Mais finalement, je remercie encore Daniel Lambert, mon professeur qui a été déterminant pour mon orientation professionnelle."

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