Le 30 août dernier, sur son compte Facebook la Ligue protectrice des animaux du Nord de France a publié son ras-le-bol des "abandons sauvages" suite à un énième chien laissé accroché à la grille du refuge de Roubaix.
Un chien accroché à la grille, des chats laissés dans un sac poubelle, des lapins abandonnés dans une boîte à chaussures, "pleins d'abandons qui bout à bout nous mettent à bout justement !", peste Cristina Devulder, chargée de communication à la Ligue protectrice des animaux du Nord de France (LPA-NF).
C'est cette "saturation psychologique et émotionnelle" qui a poussé l'association à publier sur son compte Facebook un "ras-le-bol" le 30 août dernier. Elle dénonce ces abandons "sauvages quotidiens". L'élément déclencheur a été l'abandon d'une petite chienne à la grille du refuge de Roubaix avec une lettre où son ancien propriétaire se justifie en expliquant qu'elle ne s'entendait pas avec l'autre chien qu'il venait d'acheter.
"Nous n'en sommes pas à notre premier 'cadeau' de la sorte, parfois c'est encore plus 'rigolo' avec un sac de chatons, une boîte de lapereaux, une caisse de chiots et alors des chiens accrochés à la grille, ça c'est classique ! " explique ironiquement la LPA-NF.
Abandonner son animal sans information, c'est compliquer la mission de la LPA
"On a l'impression que les gens ne se rendent pas compte de l'impact de cet abandon", déplore Cristina Devulder. "Les abandons devant les refuges ne nous aident pas et compliquent notre mission. On ne connaît pas leur histoire, leur passé médical, et relationnel. Certains ont pu être abandonnés parce qu'ils avaient un mauvais contact avec les enfants par exemple, c'est une donnée qui nous est indispensable lorsqu'on les place ensuite à l'adoption."
Tous les abandons ne se font pas de manière sauvage : "On a ceux qui font semblant d'avoir trouvé leur animal dans la rue et ceux qui nous disent franchement qu'ils doivent l'abandonner".
Avec ces propriétaires, le dialogue est la clé : "On écoute les gens quels que soient les raisons pour lesquelles ils souhaitent abandonner leur animal car cela nous permet de récolter des informations précieuses pour leur future adoption".
20 à 25 chatons abandonnés chaque jour à Roubaix
Depuis le 1 er mai, la LPA a comptabilisé 490 abandons. Les chiffres sont "plus ou moins similaires" à l'année dernière sur la même période. "L'été, ce sont surtout les chatons qui posent problème. A Roubaix, ils sont 20 à 25 à être abandonnés tous les jours. Avec les chats, on a explosé notre capacité d'accueil".
Des chats dans la rue amenés au refuge alors qu'ils ne sont pas forcément perdus
Une autre situation accentue la crise dans les deux refuges nordistes : l'arrivée de chats en bonne santé et non abandonnés. "Il y a énormément de gens qui nous amènent des chats bien portants. Comme 95% de ces chats ne sont pas identifiés, on est obligé de les garder pendant huit jours. La fourrière se remplit alors à une vitesse folle" alarme Cristina Devulder, chargée de communication à la LPA-NF. Le message est clair : "Lorsqu'un chat semble bien portant, qu'il a un beau poil, qu'il n'a pas peur du contact des hommes, il faut le laisser car il saura rentrer tout seul chez lui. Et il ne faut surtout pas lui donner à manger car cela peut le perturber dans son retour".Le risque, très fréquent l'été du fait de la saturation de la fourrière, c'est que des chats malades, qui auraient pu être soignés, soient euthanasiés. "On arrive à un stade où on sait qu'on aurait pu garder un chat et le soigner mais il n'y a pas assez de place pour qu'il occupe un box pendant plusieurs semaines quand chaque jour, il arrive une vingtaine de nouveaux chats".
En janvier 2019, la LPA-NF avait comptabilisé 180 entrées de chats en fourrière car trouvés dans la rue. En juillet 2019, 400 entrées ont été comptabilisées.
Une situation évitable avec l'identification "qui est obligatoire" et la stérilisation "qui, pour nous, est juste une question de bon sens".