La Société Protectrice des Animaux (SPA) publie une vidéo choc de son sauvetage de 122 chiens maltraités dans un chenil de Wavrin. Les images datent de 2022. Depuis, les gérants ont été condamnés.
5 minutes 29 secondes d’une vidéo insoutenable où l’on découvre, embarqué avec les équipes de bénévoles de la SPA, la réalité morbide du chenil de Wavrin. Le clip montre les cages dans lesquelles sont parqués les chiens. Au sol, quelques os à ronger, "de la viande avariée" sous-titre la vidéo. Pas d'eau. "Des odeurs d'exrcréments et d'urine très fortes" sont décrites lorsque les bénévoles se rapprochent. Les selles des animaux sont éparpillées ça et là dans leurs cages. Certains chiens portent les traces de blessures récentes. D'autres, des malinois connus pour leur caractère vif, restent prostrés et tremblants au fond de leur cage à l’approche d’humains. "Des signes de stress" selon la vidéo. Beaucoup sont maigres et assoiffés. Voici pour la réalité du calvaire de ces 122 chiens. "Ce qui est assez marquant dans ce cas, c'est que le chenil cumulait toutes les problématiques que l'on peut rencontrer au quotidien sur le terrain" analyse Tamara Guelton, responsable juridique expertise protection animale pour la SPA et présente au moment de l'opération. "C'est assez exceptionnel de voir un état comme celui-là."
Le "chenil de l'horreur"
Ainsi, ce chenil a donc gagné son surnom de "chenil de l'horreur". Les images tournées dans ce clip datent du 20 avril 2022. 55 gendarmes de la compagnie de Lille accompagnés de militaires, de 20 vétérinaires de la direction départementale de la protection des populations et de sept équipes cynophiles pénètrent dans le Chenil des 2 louveteaux, à Wavrin.
Dans leur pas, les bénévoles de la SPA assurent l’évacuation des animaux. Le film montre d’ailleurs toute la chaîne d'opérations en amont. Le départ aux aurores, la répartition des tâches, la façon dont il faut appréhender les animaux… "Cette vidéo est une façon d'illustrer, de mettre en avant, le travail de nos équipes, c'est important. Nous sommes appelés quotidiennement, parfois jusqu'à 10 fois par jour, pour des actes de maltraitance animale. Derrière tout ça, il y a cette réalité à laquelle nous sommes confrontée" ajoute Tamara Guelton. "C'est aussi une manière de dénoncer certaines méthodes d'élevage et de sensibiliser le public. Lorsqu'on achète un chien et qu'on veut l'élever, il faut bien se renseigner pour savoir comment il sera traité, par qui, avec quelles méthodes... On a un rôle éducatif à ce niveau là, il faut alerter les gens, les propriétaires... les rendre vigilants."
Des peines jusqu'à 18 mois de prison ferme
Grâce à cette vidéo, le travail des équipes de la SPA est donc mieux compris. Et l'association espère, par extension, le recueil de dons. "Ce n'est pas l'objectif premier de la publication de cette vidéo. Mais il faut rappeler que nous ne vivons que grâce à la générosité de nos donateurs" insiste Tamara Guelton. Par exemple, dans ce chenil, une fois les 122 chiens appréhendés, ils ont été placés dans des refuges partout en France. Ils ont ensuite été "soignés identifiés, vaccinés et stérilisés. Les équipes ont entrepris un travail de désensibilisation intensif pour leur permettre de retrouver confiance en l’humain" indique l'association. "C'est un processus long et couteux. Il faut donc montrer aux gens à quoi servent leur don, pourquoi c'est utile de donner" argumente Tamara Guelton. Enfin, seulement à l'issue de ces plusieurs mois de re-socialisation, la SPA a pu commencer des premiers placements de chiens en adoption. Sur son site, au bas de la page consacrée à la vidéo, la SPA se veut explicite :"seul le soutien de nos donateurs nous permettra de prendre soin d’eux et de continuer à intervenir pour des milliers d’autres animaux en souffrance."
Si cette vidéo est publiée deux ans seulement après les faits, c'est parce que la SPA attendait les résultats du jugement prononcés à l'égard de 3 personnes reconnues coupables et condamnés pour actes de cruauté, avec des peines allant jusqu'à 18 mois de prison ferme. "Le jugement en premier instance a été prononcé fin mai. Il fallait attendre ce jugement pour le respect de la procédure. Mais nous avions hâte de sortir la vidéo tant elle est importante" décrit Tamara Guelton. Les trois mis en cause ont fait appel de cette décision de justice. La date de la deuxième audience, devant la cour d'appel, n'est toujours pas connue.