Un message évoquant la formation d'un cluster Covid-19 a suscité des inquiétudes à Annœullin et les communes environnantes, la semaine dernière. Pourtant, il ne s'appuie sur aucune réalité sanitaire.
Non, un cluster n'est pas en cours de formation à Annœullin. Un message envoyé la semaine dernière aux professionnels de la santé a fait craindre l'apparition d'un foyer d'infection de coronavirus, à la lisière du Nord et du Pas-de-Calais. Attribué à "la Sécurité sociale", il avait été repris par une pharmacie d'Annœullin ainsi que par La Voix du Nord, alertant sur une "recrudescence de cas dans le secteur d'Annœullin", ainsi que les communes de "Allennes, Carvin, Don, Wavrin, Gondecourt, Camphin".
Il s'avère en réalité que le message était une "initiative personnelle" émanant d'"un de nos salariés, délégué d’assurance maladie, qui s’est cru autorisé à balancer ce mail qui n’a aucun sens pour alerter sur un pseudo-cluster qui n’existe pas", tempête ce mardi Jean-Luc Bocquet, directeur de la CPAM Lille-Douai. Joint une première fois dimanche, il avait même cru à un canular.
"Ça a créé l'émoi, et c'est bien normal", regrette aujourd'hui M. Bocquet, qui ignore pour l'heure ce qui a motivé cet envoi. D'autant plus que ce n'était pas dans les prérogatives de ce salarié, extérieur aux équipes de chargées du contact-tracing et qui a agi "contre l'avis d'un responsable".
Peu importe la raison, il n'avait absolument pas à faire ce mail !
De par son métier de délégué, l'auteur du message est en contact avec les professionnels de la santé. "Il a dû avoir des infos qui lui sont remontées de médecins du secteur. Peu importe la raison, il n'avait absolument pas à faire ce mail !"
Plusieurs cas de Covid-19, puis plus rien
Une explication d'autant plus plausible que quelques jours auparavant, plusieurs personnes avaient été testées positives Covid-19 dans la commune. "On a vu huit cas de Covid-19 en une semaine, alors qu'on n'en avait pas eu depuis un mois", indique le Dr. Arnaud Delzenne, médecin généraliste dans la commune nordiste qui a également reçu ce message.
Depuis ce phénomène, les choses se sont calmées et "selon les chiffres qui remontent jusqu'à nous, il n'y a pas plus que de cas là qu'ailleurs", indique Jean-Luc Bocquet. Et même si tel était le cas, "notre mission est purement administrative", insiste-t-il.
La mission "purement administrative" de la Sécurité sociale
Cette mission, elle consiste à collecter les informations remontant des cabinets médicaux et des hôpitaux, à appeler les patients, à leur dire quoi faire, à leur délivrer un arrêt de travail au besoin, à identifier les trois "cas-contacts" susceptibles d'avoir été infectés à leur tour – généralement des collègues de bureau – et enfin d'appeler ceux-ci pour qu'ils se fassent tester et se mettent en quatorzaine. Une sorte de "confinement ciblé", en somme. "Ça marche bien !" reconnaît le Dr. Delzenne. "Quand j'ai fait des déclarations, j'avais à peine raccroché qu'ils appelaient déjà les patients !"
En revanche, la CPAM n'a aucune mission de communication auprès des professionnels du secteur. "C'est l’ARS [Agence régionale de la santé] qui a la responsabilité de faire le tri, et à partir de là de déterminer s’il y a des raisons de s’inquiéter pour ce secteur", précise Jean-Luc Bocquet.
"Dégonfler l'affaire"
Samedi déjà, l'ARS indiquait ne pas avoir d'informations particulières sur le secteur d'Annœullin, et démentait le signalement d'un cluster. "Il n’y a pas de cluster identifié dans cette zone", a de nouveau précisé l'organisme à La Voix du Nord lundi. "Ce qui signifie qu’il n’y pas au moins trois cas groupés, dans une même unité de temps et de lieu, ni d’investigations de cas dans une collectivité". Autrement dit, il y a bien quelques cas, comme partout, mais aucune accumulation qui puisse susciter des inquiétudes particulières.
Depuis lundi, la CPAM tâche de "dégonfler l'affaire" auprès des professionnels qui ont reçu le message," non pas parce qu'on essaie de cacher la situation, mais parce qu'il n'y a tout simplement pas de situation", résume Jean-Luc Bocquet. La pharmacie d'Annœullin qui a partagé le post l'a depuis supprimé. Quant au salarié de la CPAM, il devrait s'expliquer ce mercredi auprès de sa hiérarchie.
Gestes barrières : attention à la relâche !
Cluster ou pas, il ne faut surtout pas baisser sa vigilance. Le Dr. Delzenne déplore depuis plusieurs semaines "une relâche totale sur les messures barrières" : "À la boulangerie, j'ai remarqué que j'étais le seul client masqué". Dans son cabinet, où le port du masque est obligatoire, il arrive également que certains patients l'oublient.De quoi susciter une inquiétude parmi les professionnels de la santé, en première ligne face au virus. "Il y a un collègue généraliste, à un kilomètre de chez nous, qui est en soins intensifs", souligne le médecin généraliste. Les masques FFP2, eux, sont désormais réservés aux dentistes, ORL ou stomatologues. "Tout à fait mécontent", il a contacté la CPAM pour en obtenir des masques. "iIs ont été super réactifs."